Se connecter à Internet (et à un BBS) à 300 bauds avec un modem acoustique

Il y a un moment, j’ai vu le film Wargames. Et un peu plus tard, j’ai vu une présentation d’un gars qui se connectait avec un modem acoustique qui datait des années ’60. Et si je n’ai pas trouvé un modem si ancien, j’ai quand même finalement trouvé un modèle acoustique qui date du début des années ’80.

Comment ça marche ? Les premiers modems fonctionnaient en « acoustique », c’est-à-dire qu’on composait le numéro sur un vrai téléphone et qu’on plaçait ensuite le combiné sur le modem, dans un emplacement dédié. Ensuite, le modem émettait des sons qui étaient transmis au modem en face, et ce dernier répondait. Cette technique à deux inconvénients : la communication est audible et un bruit un peu fort dans la pièce coupe la connexion. Au niveau vitesse, on peut atteindre 300 bauds, soit 300 bits/s en théorie, mais nettement moins dans la pratique, étant donné que les protocoles ont besoin de quelques bits pour la signalisation. Dans les faits, on peut espérer environ 30 octets/s dans de bonnes conditions…

Au début des années ’80, un modem courant était le Novation CAT, vendu sous d’autres marques comme Apple (pour l’Apple II), Atari, etc. Dans mon cas, j’ai trouvé un RS Coupler 9201, qui est a priori un clone du Novation CAT. Point amusant, j’ai reçu le mien dans sa boîte d’origine, avec notamment des « pilotes » pour les ordinateurs de l’époque (PC, Atari, Apple II, etc.) : quelques pages de BASIC pour chaque machine, à entrer manuellement.

Mon modem acoustique

Mon modem acoustique

Le modem a l’avantage de proposer une prise encore utilisable avec un ordinateur moderne : un connecteur série en DB-25. Le modem communique en RS-232, et donc je me suis procuré un adaptateur USB vers RS-232 (les modèles à base de PL2303 marchent bien) et un câble DE-9 vers DB-25.

La prise série

La prise série

Pour la partie modem, j’ai fait simple : un téléphone de bureau, un simulateur de ligne téléphonique et un Raspberry Pi équipé d’un modem. C’est la même installation, avec quelques différences logicielles, que celle utilisée pour connecter un Palm à Internet. Il faut notamment, du côté du Mac, aller modifier un script de connexion en Null Modem pour fixer le débit à 300 bauds avec les paramètres du modem (2 bits de parité, ce qui est inhabituel).

C’est là que ça se corse : à 300 bauds, il est pratiquement impossible d’utiliser PPP. Même en fixant MTU et MRU à des niveaux très faibles (128 octets, donc 40 simplement pour la signalisation en TCP/IP), la connexion ne passe que très rarement. Et même dans ce cas-là, il est tout simplement impossible de faire un simple ping ou (pire) d’ouvrir une page.

En théorie, on peut utiliser SLIP pour faire de l’IP sur une liaison série, mais Mac OS X n’intègre plus les outils depuis Leopard, et même sous Leopard, je n’ai pas réussi à ouvrir une connexion sur mes prises séries, que ce soit avec un adaptateur USB vers RS-232 ou avec le port série natif d’un Xserve G5.

Ce qui fonctionne, par contre, c’est une liaison série simple entre mon Mac et le Raspberry Pi : on peut ouvrir une session sur Raspbian en se connectant avec Zterm (par exemple). Le fonctionnement est simple : on relie le modem du Raspberry Pi au simulateur de ligne d’un côté et le téléphone au simulateur de ligne de l’autre côté. Ensuite, comme le montre la vidéo, on numérote sur le téléphone, on place le combiné sur le modem acoustique, et on attend. Le modem va gérer la connexion, il suffit ensuite de lancer une connexion série depuis le Mac pour ouvrir une session sur le Raspberry Pi.

Désolé pour la qualité de la vidéo, mais on voit très bien que le texte prend son temps pour arriver…

Après, il est même possible de surfer en utilisant Lynx (un navigateur en mode texte) sur le Raspberry Pi. C’est horriblement lent, même pour charger retro.hackaday.com, mais c’est possible.

Comme je n’ai pas de vrai ligne téléphonique, je n’ai pas pu tester « en réel », mais ça devrait fonctionner, par exemple avec un BBS ou un serveur capable de garder une connexion à 300 bauds, ce qui ne doit pas courir les rues…

Avec un BBS

Ensuite, j’ai testé le BBS. Ces serveurs, déployés dans les années ’80, étaient une sorte d’ancêtre des pages Web. j’ai utilisé le serveur de SCN, encore en ligne et accessible avec un numéro de téléphone.

Le truc date du début des années nonante et il y avait déjà de la publicité…

Le BBS

Le BBS


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