Le dernier écran cathodique d’Apple et ses particularités

Je parlais récemment des écrans cathodiques numériques, mais le dernier écran cathodique d’Apple – l’eMac étant assez similaire du reste – est assez particulier dans son genre.

Le dernier écran cathodique d’Apple, donc, est un modèle qui utilise une interface atypique, l’ADC. Sur ce point, c’est déjà assez étonnant : l’ADC transporte l’image, l’alimentation et l’USB dans un seul câble, et c’est donc l’ordinateur qui alimente l’écran.

Le design est assez plaisant

Le design est assez plaisant

Il s’agit du seul modèle cathodique en ADC, et il n’utilise pas la partie numérique du connecteur mais bien un signal VGA tout à fait classique, en dehors de la prise. Point important à prendre en compte, et contrairement aux autres écrans ADC, il nécessite obligatoirement un ordinateur doté en standard d’une prise ADC. En effet, il ne fonctionne pas sur l’adaptateur DVI vers ADC Apple, cet énorme bloc qui permet d’utiliser les modèles LCD sur n’importe quel ordinateur.

L’autre particularité, liée en partie à la bonne qualité de l’image qu’il propose, vient de la technologie utilisée. L’écran utilise en effet une fréquence horizontale fixe, ce qui est assez atypique.

Petite explication : un écran cathodique dispose d’une fréquence horizontale et d’une fréquence verticale. La première, en simplifiant, détermine le temps nécessaire pour balayer l’écran complet, la seconde le taux de rafraîchissement. Les premiers écrans cathodiques avaient des fréquences fixes, ce qui déterminait directement la définition et le taux de rafraîchissement : par exemple 640 x 480 à 60 Hz. En faisant varier la fréquence horizontale, il est donc possible de modifier la définition. Les écrans « MultiSync » (Multiple Scan chez Apple) utilisent ce principe, en utilisant une fréquence horizontale variable et une fréquence verticale variable, pour proposer dans tous les cas environ au moins un taux de rafraichissement de 60 Hz (et parfois plus). Un écran capable d’afficher du 1 600 x 1 200 à 60 Hz doit donc ralentir sa fréquence horizontale pour afficher du 640 x 480 à 60 Hz, ce qui peut poser des soucis de géométrie, de décalage, etc. en cas de changement de définition.

L’écran ADC est particulier car il a une fréquence horizontale fixe (80 kHz), ce qui est suffisant pour afficher du 1 600 x 1 200 à 65 Hz. Mais la fréquence en question ne bouge pas, quelle que soit la définition, ce qui évite une partie des soucis classique d’images. Concrètement, il est impossible de modifier la fréquence de rafraîchissement, qui passe par exemple à 99 Hz en 1 024 x 768 et 153 Hz en 640 x 480.

Cette fréquence fixe a tout de même un défaut, ce qui rend cette technologie inutilisable dans le monde PC : elle ne permet pas d’utiliser les modes VESA standards. Un PC qui démarre, par exemple, utilise de façon implicite un mode VESA avec une fréquence horizontale faible, que cet écran n’affiche tout simplement pas. Même en bidouillant un adaptateur VGA vers ADC – certains ont essayé -, certaines définitions seront donc inaccessibles. Etant donné que l’écran n’est prévu que pour fonctionner sur un Mac avec une prise ADC, Apple a choisi tout simplement de balayer le problème, qui ne devrait pas arriver.

l'eMac

l’eMac

Les eMac utilisent d’ailleurs la même technique de ce que j’ai pu voir, avec une fréquence fixe de 72 kHz. Comme l’écran est intégré dans l’ordinateur, la compatibilité n’est pas un problème.

Enfin, il est en théorie possible de faire des écrans avec des fréquences totalement fixes – comme dans les années 80 -, mais ça implique généralement de se limiter à un seul couple définition/rafraîchissement. Une solution avait été imaginée avec les cathodiques numériques : intégrer un scaler (comme dans les écrans LCD) avant la conversion numérique vers analogique. Jamais utilisée à ma connaissance, elle avait le défaut de rendre l’image floue, comme avec les LCD, et donc de réduire un des avantages des cathodiques sur les écrans LCD, la possibilité d’avoir une image (plus ou moins) nettes dans toutes les définitions.