Le DTS au cinéma : CD-ROM et 5.1

Si le DTS est assez courant dans les DVD, les LaserDisc et les Blu-ray, saviez-vous que la norme était aussi utilisée au cinéma ? La version cinéma est très différente de celle utilisée en vidéo, et – point intéressant – il est possible de récupérer les données sur un ordinateur.

Petit résumé sur les formats 5.1 : sur une pellicule, une bande-son en analogique est encodée à côté de l’image, et il est possible ensuite d’ajouter d’autres technologies. Le Dolby Digital (AC3) et le SDDS de Sony sont codés dans la pellicule de façon optique (une sorte de code QR) alors que le DTS, lui, utilise des CD-ROM qui contiennent les données. La pellicule ne contient qu’un time code permettant de synchroniser l’image et le son. Pour la lecture, le cinéma devait donc s’équiper d’un appareil capable de lire les CD-ROM en question. Plusieurs versions existent, toutes basées sur un PC sous DOS (le DTS date de 1993, avec Jurassic Park), avec deux ou trois lecteurs de CD-ROM. La première génération utilise des CD placés dans une cartouche, les suivantes des lecteurs à tiroir, classiques.

Le time code DTS à droite (Wikipedia)

Le time code DTS à droite (Wikipedia)

Comme j’avais envie d’essayer, j’ai écumé le Net et finalement trouvé la bande son d’un film, The Ghost and the Darkness (L’ombre et la proie, 1996). Il s’agit de deux CD-ROM en cartouche contenant l’audio en 5.1 du film, en anglais. Le codec utilisé est particulier, il s’agit de l’APT X100 et pas du DTS classique. Ce codec encode l’audio avec une compression 4:1 (débit binaire de 882 kilobits/s). L’audio n’est pas stocké en 5.1 mais bien en 5.0, les données du canal de basse étant reconstruites à partir des données des canaux arrière. Les canaux gauche, droite et centre travaillent entre 20 Hz et 20 kHz, alors que les canaux à l’arrière se contentent de travailler entre 80 Hz et 20 kHz. Le caisson de basse, lui, reste entre 20 Hz et 80 Hz. A l’encodage, l’arrière et les basses sont combinés, et séparés à la lecture.

Un disque et sa cartouche ouverte

Un disque et sa cartouche ouverte

Maintenant, le truc intéressant : comment lire les données. Lire le contenu des CD-ROM ne pose pas de soucis : il suffit de sortir le disque de la cartouche. Ensuite, deux possibilités : soit le disque contient des fichiers .aud, lisibles, soit il contient des fichiers .aue (chiffrés). Dans le second cas, il n’y a pas de solutions, mais dans le premier, Winamp ou (mieux) foobar2000 peuvent lire l’audio. J’ai testé avec le second sous Windows, après avoir installé un plug-in permettant de décoder le contenu (disponible ici). foobar2000 accepte sans soucis les fichiers et il est évidemment possible d’extraire le tout dans un format non compressé comme le WAV. Les deux CD-ROM contiennent la bande son du film mais aussi quelques trailers THX, comme celui des Simpsons (j’ai juste l’audio en 5.1, du coup).

Avec foobar2000

Avec foobar2000

Dans la pratique, outre l’intérêt archeologeek de la chose, certains tentent de récupérer les mix cinéma de certains films car ils sont souvent différents de ceux utilisés dans les DVD et les Blu-ray. La raison principale vient du fait que les cinéma disposent dans tous les cas de plusieurs haut-parleurs quand la piste 5.1 est lue, ce qui n’est absolument pas le cas d’un DVD. Typiquement, les DVD ont un mix adapté à un usage grand public, avec un passage en stéréo (courant) optimisé et des contraintes sur certains effets. A contrario, les LaserDisc en 5.1 et – évidemment – les CD-ROM DTS contiennent un mix cinéma. Sur les LaserDisc, la raison vient du fait qu’un décodeur était obligatoire pour lire l’audio en 5.1 et qu’une bande son stéréo était présente dans pratiquement tous les cas en plus de la version multicanal.