Rafi Haladjian, le papa des Nabaztag, nous parle

Pour ceux que ça intéresse, je viens de publier un compte rendu d’une rencontre avec Rafi Haladjian, le papa des Nabaztag. Pour ces derniers, il est visiblement passé à autre chose, même s’il a suivi l’aventue Mindscape, et s’étonne un peu que les utilisateurs n’aient pas acheté un Karotz. Nous avons beaucoup parlé de Sen.se, son nouveau projet qui peut, actuellement, utiliser des Nabaztag mais aussi d’autres objets « intelligents ». Le texte est disponible ici, vu que la source n’existe plus.

(cet article est issu de Tom’s Hardware en 2011)

La semaine dernière, nous avons pu rencontrer Rafi Haladjian, pour parler de l’évolution des objets connectés à Internet. Rafi Haladjian, c’est un homme d’affaires français qui est connu pour avoir participé à FranceNet (un des premiers FAI), Ozone (un fournisseur de réseaux Wi-Fi) ou Violet, la société à l’origine du mondialement connu lapin Wi-Fi, le Nabaztag.

Sen.se et l’ère post-PC

Ce qui est intéressant, c’est la vision à long terme de Rafi Haladjian : il pense déjà — comme Steve Jobs — à l’ère post-PC, en considérant que nous ne sommes qu’au début d’Internet, ce qui est assez logique : c’est un média en constante réinvention qui est assez jeune. Mais contrairement au patron d’Apple qui voit l’iPad et les tablettes comme les successeurs des PC, il va plus loin. Pour lui, une tablette n’est pas fondamentalement différente d’un PC ou même d’un Minitel : il s’agit d’un appareil de consultation, qui demande une action volontaire. Le but est d’arriver, au final, à des systèmes transparents pour l’utilisateur, que ce dernier ne doive pas à penser à faire une action, qu’elle soit déjà faite.

Rafi Haladjian travaille depuis un moment sur un projet qui s’appelle Sen.se, une plateforme d’agrégation de données pour leur donner un sens. L’idée est de récupérer les données provenant de l’utilisateur, qu’elles soient récupérées automatiquement avec des périphériques « intelligents » ou de façon différée, par une action de l’utilisateur, par exemple le nombre de cafés bu chaque jour. Et ensuite, avec Open Sen.se, il va être possible de faire « parler » les données, de faire des mashup, de croiser les informations, etc. L’idée est de donner du sens aux données en les interprétant de façon intéressante (et pourquoi pas ludique) pour l’utilisateur.

C’est assez intéressant, parce que pour le moment, les appareils qui récupèrent des données sont assez « autistes ». Prenons l’exemple d’une balance Wi-Fi. L’appareil est intéressant, les fonctions aussi. Mais la balance ne fait que récupérer le poids (et quelques autres informations) sans vraiment les analyser. Pour beaucoup de gens, l’intérêt est donc assez limité. En croisant et en interprétant les données, on peut définir à quelle heure la personne se lève généralement (globalement l’heure de la pesée…), sa courbe de prise (ou de perte) de poids et même — en recoupant les données avec des services de géolocalisation — quels restaurants font grossir.

Autre point intéressant, la société Sen.se va proposer des objets intelligents d’ici 2012. Sans dévoiler les constructeurs associés, Rafi Haladjian indique que des constructeurs de voitures, des sociétés qui travaillent dans l’électroménager et des fabricants de mobiliers travaillent avec Sen.se. Prenons l’exemple de l’analyse de la qualité du sommeil : actuellement, les rares solutions consistent à porter un capteur sur le corps, ce qui est contraignant, ou à utiliser une application sur un smartphone, qu’il faut lancer et qui empêche d’utiliser l’appareil. À terme, le matelas lui-même intégrera les capteurs et mesurera la qualité du sommeil sans intervention de l’utilisateur. Et si la technologie se démocratise, il est même possible d’imaginer des systèmes de crowd sourcing sur les données elles-mêmes.

Au final, on se rend compte que notre perception des objets « intelligents » est faussée, avec des exemples connus comme le Nabaztag. Les objets des années 2010 sont plus neutres, plus discrets, plus efficaces. Et c’est assez logique : le célèbre lapin Wi-Fi est finalement assez ancien et date de 2005.

Reste à voir si l’enthousiasme et les idées de Rafi Haladjian auront des répercussions dans notre vie et si d’autres sociétés suivront la même voie.