Le cas des adaptateurs CFexpress vers SSD NVMe

Quand j’ai parlé des cartes CFexpress, j’ai expliqué que techniquement, les cartes sont essentiellement des SSD PCI-Express NVMe dans un format différent du M.2. Et du coup, il est possible d’adapter un SSD classique dans un emplacement CFexpress. Mais il y a quelques limites pratiques.

La première limite est purement physique : les cartes mesurent 29,8 x 38,5 mm et les SSD les plus compacts, les M.2 2230, mesurent 22 x 30 mm. En pratique, un adaptateur sera donc toujours plus long qu’une vraie carte, parce qu’il faut prévoir la place pour le connecteur M.2 lui-même. Qui plus est, les SSD M.2 2230 sont assez rares, plus chers et parfois moins performants que les autres pour des raisons physiques. La norme en M.2, c’est plutôt le 2280 (22 mm de large, 80 mm de long) mais c’est évidemment beaucoup plus grand que les cartes.

Mon adaptateur en face d’un SSD M.2

En réalité, on va y revenir, les adaptateur M.2 prennent deux formes, liées aux usages. La première, la plus courante, c’est de placer un SSD M.2.2230 dans le prolongement du connecteur. Ces adaptateurs ne visent pas les appareils photo qui utilisent des cartes CFexpress, mais les consoles Xbox Series. La seconde forme est basée sur une prise CFexpress mâle d’une taille classique, couplée à un câble souple qui renvoie vers un PCB qui sert à connecteur un SSD M.2 2280. Je vous mets une image marketing, mais l’idée est de juste laisser la trappe de l’appareil photo ouverte, sans avoir un truc qui dépasse trop sur le côté.

Pour les appareils photo

Les Xbox Series ?

Pourquoi est-ce que je parle des Xbox Series ? Parce que le connecteur d’extension des consoles est une version plus ou moins propriétaire du CFexpress. Microsoft a fait très peu de changements, en réalité. Le premier, c’est que les cartes vendues par Seagate (dès 130 € pour 512 Go) ne rentrent pas dans les lecteurs CFexpress. Le connecteur mâle est un peu plus court qu’une véritable CFexpress et donc ça ne rentre généralement pas. Le but ? Empêcher les gens d’acheter une carte Seagate (~130 €) plutôt que – au hasard – une Sandisk de la même capacité, vendue un peu plus de 500 €.

Avec une Xbox (image CPC)


Une carte Seagate, l’adaptateur, le bon SSD M.2 (image CPC)

L’autre limitation, c’est que même avec un adaptateur CFexpress vers M.2 qui rentre dans la console, vous ne pouvez pas utiliser n’importe quel SSD. Il y a probablement un mélange de firmware et d’interface (Microsoft travaille en PCI-Express 4.0, les cartes CFexpress en PCI-Express 3.0) mais à ma connaissance, un seul modèle de SSD fonctionne. J’en avais parlé dans Canard PC Hardware, il faut un Western Digital SN530 « CH », c’est-à-dire la version Microsoft. Une des différences vient de la configuration PCIe : le SN530 classique utilise 4 lignes PCI-Express 3.0 (~4 Go/s) et le SN530 « CH » d’origine Microsoft utilise 2 lignes PCI-Express 4.0 (~4 Go/s aussi). Le prix de ce type précis de SSD reste assez élevé (comptez 150 € en 1 To), en partie parce qu’il sert justement pour ceux qui veulent économiser sur la Xbox. Et ça rend le montage peu intéressant, dans les faits : un SSD plus un adaptateur va coûter aux environs de 175 €, quand le vrai SSD, plus compact et plus sûre du point de vue compatibilité est aux alentours de 215 €.

Avec le bon SSD, ça ne dépasse pas (image CPC)

Quelques essais

J’ai un adaptateur typé Xbox, c’est-à-dire avec un emplacement M.2 2230 dans la continutité de la prise. Ça n’empêche pas de brancher un SSD M.2 plus long, mais il sera évidemment mal fixé. Avec un SSD M.2 rapide (WD Black), je sature totalement mon lecteur USB, avec un peu plus de 1 Go/s. Dans un adaptateur PCI-Express (en Thunderbolt), c’est évidemment nettement plus rapide : vers 1,6 Go/s en lecture.

Avec un grand SSD… ça dépasse

La différence vient de la connexion : en USB-C, on dépend de l’USB (10 Gb/s) et de la puce intermédiaire. En PCI-Express, c’est essentiellement du natif avec des adaptateurs « passifs » (en Thunderbolt, il y a un peu de pertes à cause de l’encapsulage), donc on s’approche du maximum de deux lignes PCI-Express 3.0 (soit vers 2 Go/s).

Dans un lecteur USB


Dans un lecteur PCIe

Mais comme expliqué plus haut, les deux essais sont plus là pour la démonstration : si je veux du stockage rapide en USB-C, je ne vais pas installer un SSD dans un adaptateur qui rentre dans un lecteur, mais mettre directement le SSD dans un boîtier USB-C, qui emploie la même puce Asmedia. Idem en Thunderbolt : un boîtier Thunderbolt, même bridé, fait la même chose.

Le SSD est bridé à deux lignes PCIe

Les adaptateurs CFexpress visent donc essentiellement les personnes qui veulent économiser quelques euros avec une Xbox Series, ou ceux qui veulent un grand espace de stockage dans un appareil photo moderne et acceptent les défauts pratiques.