Petit test d’un NAS Thunderbolt 4

Pour MacG (abonnez-vous), j’ai pu tester un NAS moderne, le TVS-h874T (c’est hors de prix). Et il a une particularité : du Thunderbolt 4. Comme le modèle Thunderbolt 3 testé en septembre, il fonctionne donc en IP over Thunderbolt, mais plus rapidement.

Le NAS est (vraiment) haut de gamme : un Core i9 12900E (un CPU basse consommation selon Intel, c’est-à-dire 35 W de TDP), 64 Go de RAM et huit emplacements SATA. Il a aussi deux emplacements M.2 pour des SSD NVMe et deux emplacements PCI-Express. Un des emplacements contient la carte Thunderbolt 4, qui a deux prises. Comme pour le premier modèle que j’avais essayé, le Thunderbolt ne sert que pour le réseau : on ne peut pas brancher un disque externe ou un accessoire, et le NAS n’est pas vu comme un boîtier externe une fois connecté. La version testée vaut à peu près 4 500 € sans les disques, donc ça vise surtout les entreprises et pas le grand public. Même un geek fortuné ne mettra probablement pas ce prix pour un NAS.

L’arrière du NAS Thunderbolt

C’est un point important à bien comprendre : le NAS reste un NAS, accessible en réseau. On doit donc gérer les partages avec l’interface de QNAP (QTS), qui n’est pas la plus user friendly. Par contre, c’est très complet, donc si vous aimez les options techniques, vous allez adorer. En plus du Thunderbolt 4 (deux prises, pour créer un réseau en étoile), le NAS propose deux prises Ethernet à 2,5 Gb/s (c’est compatible SMB Multichannel) et on peut ajouter une carte Ethernet plus rapide dans l’emplacement PCI-Express libre. J’ai testé avec de l’Ethernet à 25 Gb/s, donc on en reparlera.

Les réglages de l’interface

20 Gb/s en théorie

La gestion de l’IP over Thunderbolt, c’est un peu compliqué (et très peu documenté). En théorie, on a une connexion à 10 Gb/s pour les quatre premières versions de la norme (qui ont un débit théorique de 10, 20, 40 et 40 Gb/s). C’est le Thunderbolt 5 – annoncé, mais pas encore disponible – qui doit amener la prise en charge de l’IP à 20 Gb/s, mais en pratique, le NAS de QNAP (en Thunderbolt 4) le prend en charge, tout comme macOS. Comme d’habitude, la différence entre le débit théorique et la pratique est assez large, essentiellement parce que le débit pour les données est de 8/16/32 Gb/s (sur 10/20/40 Gb/s) et qu’il y a probablement une limite sur l’encodage.

De façon plus pratique, les débits réels vont dépendre du contrôleur Thunderbolt. Avec mon MacBook Pro 2017 (Thunderbolt 3, Alpine Bridge), j’atteint 12,9 Gb/s (au passage, les connecteurs de droite sont plus rapides). Avec un Mac mini 2018 (Thunderbolt 3, Titan Ridge), ça monte à 15,8 Gb/s, ce qui est plutôt rapide. Enfin, avec un Mac mini M1 (Thunderbolt 3, contrôleur Apple), le débit maximal est un rien plus élevé : 16 Gb/s. Les débits dépendent aussi du logiciel du NAS : lors de mes essais, une mise à jour a permis de gagner presque 1 Gb/s au total.

MacBook Pro 2017


Mac mini 2018


Mac mini M1

De façon plus pratique, j’ai créé un volume en RAID 0 sur le NAS avec deux SSD NVMe (des Crucial P3, un SSD NVMe d’entrée de gamme très correct) et on peut atteindre de bons débits sur un partage réseau. Le MacBook Pro atteint ~1650 Mo/s en lecture (environ 1 Go/s en écriture) et les deux autres s’approchent de 2 Go/s en réel en lecture. En écriture, le contrôleur d’Apple montre ses faibles, mais ça reste correct : un peu plus de 800 Mo/s. Le contrôleur Intel, lui, monte à un peu plus de 1 150 Mo/s.

MacBook Pro 2017


Mac mini 2018


Mac mini M1 (plus lent en écriture)

Toujours pas pratique

Du point de vue des performances, rien à dire : c’est très rapide. Du point de vue des coûts, c’est déjà un peu plus mitigé : il faut évidemment un NAS compatible (c’est cher), du stockage capable de suivre – au minimum des SSD SATA en RAID – et un câble Thunderbolt. Dans un sens, c’est intéressant si vous avez déjà le NAS : un câble de deux mètres peut se trouver pour 55 €. Du point de vue du Mac, il n’y a besoin que d’un câble, et c’est plutôt un avantage, donc : l’Ethernet 10 Gb/s nécessite un boîtier assez cher, et ne parlons même pas (aujourd’hui) de l’Ethernet à 25 Gb/s.

Deux prises sur le NAS

Mais le Thunderbolt a le défaut de ne pas être très pratique. Les câbles vraiment longs coûtent plusieurs centaines d’euros, donc en pratique vous devrez mettre le Mac près du NAS. De plus, le fonctionnement en liaison directe rend la création de réseaux un peu compliquée : techniquement, on peut chaîner ou créer des réseaux en étoile, mais le NAS n’a que deux prises, tout comme une partie des Mac. Enfin, il n’existe pas de routeurs Thunderbolt, donc il faut soit gérer l’adressage à la main, soit partager la connexion d’un Mac (par exemple). Et si vous voulez plusieurs machines, il faudra plusieurs câbles, et parfois c’est impossible. Dans mon cas, sur un Mac mini M1, c’est compliqué de tester par exemple : j’ai un écran 5K sur une prise Thunderbolt (qui prend une partie significative de la bande passante) et des SSD externes sur l’autre. Donc soit je débranche tout (ce que j’ai fait pour tester), soit je mets la connexion au NAS derrière les SSD… ce qui peut réduire les débits.

Dans la pratique, c’est donc surtout intéressant pour un usage ponctuel, si vous avez de gros volumes de données à lire ou écrire sur un NAS. Dans ce cas de figure, c’est diablement efficace, mais c’est probablement le seul…