Agfa CL30 Clik!, l’appareil photo qui upscale par IA sur des Iomega PocketZip

J’avai déjà parlé du PocketZip (ou Clik!) de chez Iomega. Ce média compact (il est de la taille d’une carte mémoire) offre une capacité de 40 Mo, pour un prix – en 1999 – assez faible. Et Agfa avait à l’époque lancé un appareil photo numérique, le ePhoto CL30 Clik!.

Le CL30 Clik! est une évolution du CL30 classique, qui utilise de la mémoire flash (avec un lecteur CompactFlash). C’est un mauvais compact, assez gros, avec quelques trucs… particuliers on va dire. Premièrement, l’écran est petit, de mauvaise qualité et surtout assez lent : impossible de viser correctement avec. Et comme noté dans ce vieux test, il a un comportement bizarre en mouvement, il sépare les composantes de l’image : on a donc des traînées rouges ou bleues. Deuxièmement, l’interface est bizarre : elle passe par une molette crantée clickable qui a tendance à remonter quand on se déplace (et donc qui inverse les déplacements). Il s’alimente avec 4 piles AA (ou une alimentation externe) et dispose d’une prise USB (connecteur B) et d’une sortie vidéo (jack deux points vers composite). Le viseur optique est juste au-dessus de l’objectif (ce qui n’est pas plus mal) et l’objectif est très enfoncé. Il n’y a pas de zoom optique, juste un zoom numérique peu accessible.



Les connecteurs cachés derrière des caches en caoutchouc (mauvaise idée)


L’écran, protégé (mais nul)


Le capteur est bien enfoncé, donc protégé

La partie stockage, donc, passe par le Click! de 40 Mo. A l’époque, c’est intéressant financièrement : une boite de 10 Clik! (400 Mo au total, donc) valait environ 80 $, contre plus de 100 $ pour une CompactFlash de 64 Mo. Par contre, la partie USB n’est pas standard (elle demande un pilote) et le Clik! est plutôt bruyant et lent. On entend très distinctement quand il démarre, quand l’appareil enregistre, etc. (bon, l’autofocus aussi est bruyant). Le format est peut-être plus pratique que les disquettes (ou les LS-120) mais la mémoire flash, même à l’époque, était tout de même nettement plus efficace comme média de stockage. Mais d’un point de vue purement pragmatique, avec le rapport capacité/prix, le Clik! n’était pas une mauvaise idée. En pratique, on peut stocker de ~60 (meilleure qualité) à ~360 photos (en VGA).

Le Clik!

Maintenant, les photos. Agfa se moque un peu de nous dans un sens : en standard, en mode high, on a une image en 1 152 x 854… soit 0,995 mégapixel. On a un mode medium en 1 024 x 768, en low en 640 x 480. Il y a aussi un mode « texte » en 1 152 x 864, qui est juste du noir et blanc. Le « zoom numérique », lui, c’est qu’une astuce logicielle : une image recadrée en 576 x 432. En clair, vous pouvez zoomer en recadrant manuellement. Au passage, les modes en basse définition sont très mauvais avec de gros effets d’escaliers à cause d’un redimensionnement interne plutôt mauvais. Mais la partie amusante, c’est le mode PhotoGenie.

En natif (cliquez pour agrandir)


Medium (cliquez pour agrandir)


Low (en VGA)


Le zoom


En noir et blanc (natif)

Bon, très honnêtement, je ne sais pas exactement comment ça fonctionne. Quand on enregistre une photo en mode PhotoGenie, on obtient un fichier JPEG en 1 152 x 864 (comme en mode high) mais plus gros (sur une photo de test, je passe de 409 ko à 605 ko). Et une fois passé dans le logiciel d’Agfa (PhotoWise, que j’ai dû installer sous Windows XP), l’image passe en 1 440 x 1 080 (~1,5 mégapixel). Ce n’est pas uniquement un agrandissement bête et méchant, la différence est très visible : il y a au moins un filtre de netteté et une accentuation dans le logiciel. Selon ce tweet, il y a des infos en plus dans le fichier, dans d’autres tests de l’époque, ils indiquent juste que la compression est plus faible et que le logiciel le détecte pour upscaler automatiquement. Dans ce texte, un représentant d’Agfa indique que l’agrandissement est meilleur que celui effectué par un logiciel, et en 2020 (au moins) c’est plutôt faux. Un passage de la même image dans la même définition avec Pixelmator donne une résultat plus propre. Avec le traitement de PhotoWise, par exemple, le V du clavier ressemble à un Y, et on voit des artefacts sur l’intérieur de l’écran. De toute façon, c’est assez mauvais dans l’absolu dans tous les cas. A l’époque (en 1999, donc, pas en 2020), Agfa parlait d’un agrandissement par IA. C’est autant du foutage de gueule que maintenant, il n’y a pas d’intelligence artificielle, mais c’est amusant de voir ce genre d’arguments.

Le PhotoGenie en natif (cliquez, pour les suivantes aussi)


Le PhotoGenie optimisé par PhotoWise


Le PhotoGenie optimisé par Pixelmator


Une version agrandie par « IA » par Pixelmator Pro (SuperML).

Pour terminer, comme il y a une sortie vidéo, j’ai enregistré l’interface. On peut voir que c’est lent à l’enregistrement, déjà, mais surtout que les artefacts colorés sur l’écran ne viennent pas… de l’écran. Parce que sur la sortie vidéo, on a les mêmes.