L’audio spatial avant Apple Music : les CD en Dolby Pro Logic

Je ne suis pas un grand fan de l’audio spatial, je trouve – et c’est le cas avec Apple Music – que c’est artificiel dans la grande majorité des cas, un simple gimmick qui a permis à un ingénieur du son de jouer un peu (même si j’avoue que dans certains rares cas, c’est assez immersif). Mais l’arrivée dans Apple Music n’est pas une première : l’industrie tente depuis de longues années de faire passer ce changement pour une innovation.

Il y a eu les Super Audio CD, les DVD Audio, le Blu-ray Pure Audio, les CD DTS et même des CD en Dolby Surround. L’exemple du jour, c’est un CD en Dolby Pro Logic.

Soyons clairs sur un point : toutes les technologies citées ont un défaut en commun : il faut vraiment un ensemble de haut-parleurs adaptés. Sans un kit 5.1 bien placé, c’est inutile. L’audio spatial d’Apple a du coup un avantage évident : les algorithmes modernes permettent de simuler de façon assez convaincante les différents haut-parleurs, au moins dans un casque. Sur une barre de son ou des HomePods (pour rester chez Apple), c’est nettement plus perfectible par exemple. Apple arrive donc avec une offre large qui vise les gens qui écoutent la musique au casque (une bonne partie de ses clients, je pense) et sans surcoût, donc ça peut marcher. Ou se planter comme la 3D dans les téléviseurs.

Maintenant, parlons Dolby Pro Logic. Cette technologie est une évolution du Dolby Surround et elle repose sur la même technique : il n’y a techniquement que deux canaux, mais les informations destinées à la voie centrale et aux voies arrières (en mono) sont encodées dans l’audio. En simplifiant, les fréquences sont placées en phase avec des formules précises qui permettent de définir la destination de l’audio. La technique est simple, mais a évidemment des défauts : on ne peut pas séparer facilement les canaux et les technologies avec des canaux séparés sont bien plus efficaces. Il y a plusieurs évolutions, avec par exemple le Pro Logic, Pro Logic IIx, etc. Le principal défaut, je vais l’expliquer, c’est qu’il n’y a pas de solutions simples pour déterminer si un flux stéréo contient du Pro Logic (ou du Surround).

Pour tester, j’ai donc un CD Audio qui contient de l’audio en Dolby Pro Logic (essentiellement du classique). C’est un CD stéréo classique, que vous pouvez écouter sur n’importe quel appareil. Mais si vous avez un décodeur adapté, le positionnement est normalement assez bon. Du coup, j’ai sorti une carte son dotée d’un décodeur Pro Logic, une FireWave. Je l’explique juste avant, il n’y a pas de solution pour détecter la présence du Dolby Pro Logic, il faut donc l’activer manuellement et (surtout) bien choisir le mode movie. Dans la majorité des décodeurs, vous aurez en effet le choix entre movie (qui part du principe que vous écoutez un film en Dolby Pro Logic) et music, qui va utiliser le DSP pour essayer de (mal) spatialiser le son. Sur le CD en Dolby Pro Logic, il faut donc forcer le mode movie. En pratique, on peut activer le décodage sur n’importe quelle source, mais ça donne un résultat… bizarre. Souvent, le DSP va essayer de récupérer les informations sur de l’audio qui n’a pas été prévu pour, donc vous obtiendrez quelque chose de bizarre, des artefacts audio, etc.

Il faut bien choisir le mode movie

Pour montrer le résultat, j’ai mis ~1 minute d’une piste qui était sur l’ordinateur de test. Ensuite, les différents canaux d’un des morceaux du CD (avant, arrière, centre).

Un CD pas prévu pour

Front

Rear

Center

Est-ce que c’est efficace ? Sur un CD encodé spécifiquement en Dolby Pro Logic, oui, dans un sens : on a une spatialisation propre, sans artefacts sur les enceintes arrières. Mais ça reste assez léger : la voie centrale est essentiellement la combinaison des deux voies latérales et les voies arrières sont en mono avec une bande passante réduite (et pour les basses, c’est juste un filtre qui coupe). Forcément, l’audio spatial moderne, à base de Dolby Atmos et de positionnement des objets dans l’espace, est bien plus efficace.