Les premiers Mavica et le capteur photo entrelacé

J’ai déjà parlé des appareils photo Mavica de Sony deux fois : une fois pour présenter la gamme et une seconde fois pour montrer qu’un des modèles avait un lecteur de disquettes rapide, en 4x. Pour rappel, les Mavica sont des appareils photo qui enregistrent sur des disquettes (pour la gamme FD, il en existe qui utilisent des CD).

Et la première génération (FD5, FD7 et le FD51, intermédiaire) a une particularité : les appareils utilisent des capteurs de caméscopes. Ce n’est pas une erreur : à l’époque, les capteurs CCD se trouvaient essentiellement dans des caméras, et les premiers Mavica à disquettes utilisent les mêmes capteurs. Dans un sens, c’est un gros bricolage qui a eu du succès : c’est réellement un caméscope qui compresse une image en JPEG avant de l’enregistrer sur une disquette.

Le MVC-FD7

Je ne connais pas la définition exacte du capteur, mais vu les photos, je soupçonne qu’il est probablement légèrement sous les ~350 000 pixels annoncés. Techniquement, l’appareil sort donc des images en 640 x 480, mais il y a probablement un peu d’upscale en interne. Et le choix d’un capteur de caméscope a un impact sur une fonction : la possibilité de choisir le mode field ou le mode frame.

Mais c’est quoi cette histoire de field et frame ? Un truc hérité des caméscopes, justement. Dans une image vidéo analogique, on travaille en entrelacé : on affiche d’abord les lignes paires, puis les lignes impaires. En PAL, en Europe, on parle de 50i : on affiche en réalité 50 demi-images, pour former 25 images complètes. Et les capteurs de caméscopes fonctionnaient de cette façon à l’époque, probablement tant pour des raisons techniques que pour une bonne compatibilité.

L’option


Dans l’appareil photo, on a donc le choix entre l’option field, qui enregistre rapidement une demi-image, et le mode frame, qui enregistre une image complète. Dans le premier cas, on a donc une image en 640 x 240 qui est agrandie en 640 x 480. La présence de ce choix peut sembler bizarre : pourquoi accepter de perdre en qualité alors que les fichiers font la même taille (à quelques kilo-octets près) à la fin ? Parce que le capteur fonctionne réellement en entrelacé. Sur des scènes fixes, ça ne change absolument rien, on perd juste en définition. Mais sur des scènes en mouvement, on a un effet de peigne important, le même que dans les vidéos.

En mode field


En mode frame. On voit assez bien la différence sur la ligne de démarcation en bas à gauche

En effet, en mode frame, l’appareil va techniquement d’abord capturer une demi-image et ensuite la seconde, avant de tout combiner. Et si un objet se déplace, le décalage est très visible. Le cas typique va être une voiture en mouvement : en mode field, on peut la figer sans trop de soucis, en mode frame, c’est totalement inutilisable. La parte en qualité est acceptable dans l’absolu : c’est moins pire que le décalage très visible.

En mode field


En mode field


En mode frame


Ce n’est pas uniquement lié aux voitures, j’ai pris un des LEGO que je remonte actuellement pour montrer le problème : dans les deux cas, l’hélice tourne. On voit aussi que la balance des blancs est à la ramasse et que la définition est assez faible, mais l’appareil photo à environ 25 ans.

L’hélice est en mouvement, mais figée en mode field


Ici, on « voit » le mouvement

Sony a corrigé assez rapidement le problème avec des capteurs en mode progressif, plus adaptés à la photo, dès la seconde génération (à l’exception du FD51, un modèle d’entrée de gamme). Il faut noter que le problème est particulièrement visible sur les Mavica « FD » pour une bonne raison : ce sont des appareils photo d’entrée de gamme, pensés pour réduire les coûts. Les autres appareils photo numérique de l’époque n’ont généralement pas le problème et utilisent des capteurs pensés pour la photo, ne serait-ce que parce que les capteurs NTSC limitent la définition aux alentours du 640 x 480.