Saviez-vous qu’au début des années 2000, des sociétés ont eu l’idée saugrenue de proposer des appareils photo numériques jetables ? Bon, c’est plutôt de l’usage unique renouvelable dans les faits, mais le mot jetable est plus courant en français.
J’ai découvert ça dans une vidéo de Computer Clan. L’idée était simple : un appareil photo à usage unique, mais numérique. Une fois les 25 photos prises, il fallait aller faire développer (plus ou moins) les photos dans un magasin. L’appareil coûtait 11 $, le développement aussi, avec des photos livrées sur un CD-ROM. Bien évidemment, cet appareil photo a été hacké assez rapidement. Il était proposé sous la marque Dakota Digital, mais il existe des variantes OEM pour certaines chaînes de magasin.
C’est un appareil photo assez basique : un flash, pas d’autofocus, pas d’écran, un viseur qui est essentiellement un trou dans la coque, etc. Il s’alimente avec deux piles qui avaient évidemment coulées. Un nettoyage au vinaigre plus tard, l’appareil s’est allumé. Un sticker cachait la prise de connexion, aussi. C’est vraiment très simple, donc, mais c’est logique compte tenu du prix.
Question technique, on a un capteur de 1,3 mégapixel, 16 Mo de mémoire de stockage, un bouton pour un timer de 10 secondes et un bouton pour effacer une photo. Attention, il n’efface que la dernière photo, avec probablement une limite de temps. Vous ne pouvez donc pas tout effacer, mais c’est suffisant pour effacer un cliché quand on se rend compte qu’il est raté.
Le câble
L’appareil photo a une prise cachée sous un sticker. C’est une prise identique à celle des Palm des premières générations et c’est pour ça que je demandais un câble récemment. Il faut un câble de Palm III ou de Palm m100, les deux modèles les plus courants. Le brochage n’est pas le même, par contre. Je suis donc parti d’une prise de Palm III – merci François – et j’ai (mal) soudé de l’USB. Mon fer principal est mort et j’ai fait ça avec un vieux modèle qui n’est tout simplement pas assez puissant.
Les broches 2, 7 et 10 sont la masse (au choix) pour l’USB, la broche 9 et le Data -
, la broche 8 le Data +
et la broche 6 l’alimentation. Pour le montage, je n’ai pas relié directement une prise USB mâle, j’avais une prise Mini USB avec des broches, c’est plus simple. Il y a un plan là si vous avez un câble Palm. Il est aussi possible de mettre directement une prise dedans, d’ailleurs.
J’ai aussi limé un peu le plastique de la prise : les prises Palm III sont épaisses, mais l’espace dans l’appareil photo est restreint.
C’est assez simple de vérifier si ça fonctionne : une fois branché en USB, l’appareil photo s’allume.
Récupérer les images
Pour la partie logicielle, ce n’est pas si simple. Même en USB, il n’apparaît pas comme un périphérique de stockage. J’ai tenté un peu sous Mac OS X sans trop de succès, mais ça a fonctionné avec une machine virtuelle de Windows XP, même si j’ai eu quelques écrans bleus. Il faut donc télécharger sucr (Single-Use Camera Reader) et suivre les instructions pour l’installer. Il faut aller dans l’ordre, et installer manuellement libusb
(clic droit -> Installer sur libusb.inf
) puis redémarrer puis brancher l’appareil, attendre que Windows installe les pilotes et enfin lancer le programme.
Il permet d’avoir le nombre de clichés, de les récupérer et d’effacer la mémoire (ça remet le compteur à zéro). Il y a pas mal d’options pour jouer un peu, mais c’est peu intéressant en 2024 pour ma démonstration.
Et ça donne quoi ?
Pas grand chose. L’appareil a vraiment besoin de lumière, donc le résultat est affreux en basse lumière. Et même avec le flash, ce n’est pas génial. Après, l’usage est particulier, comme pour les jetables argentiques en 2024 : ça visait les personnes qui n’avaient pas d’appareil photo (ou pas envie de le prendre) avec un résultat vaguement valable pour garder quelques souvenirs sur un écran d’ordinateur.
La seconde version
Il existe un second modèle, le PV2. Il est doté d’un écran LCD, était vendu un peu plus cher (19 $) et il est plus compliqué à hacker. En l’état, il faut aller faire des modifications matérielles que j’ai évité parce que je me suis déjà pris une châtaigne en bidouillant dans un appareil photo et je n’ai pas envie de recommencer. Je tenterais peut-être un jour, ceci dit.