Connaisez-vous le MGVC ? Cette technologie Panasonic, dont le nom signifie Master Grade Video Coding, améliore en théorie la qualité des disques Blu-ray en codant les images sur 12 bits (par couleur, on voit parfois 36 bits du coup) plutôt que les 8 bits classiques (ou 24 bits). Mais cette technologie a un (gros) défaut : elle nécessite un lecteur de Blu-ray Panasonic compatible.
La technologie est apparue vers 2013, et a été implémentée dans quelques lecteurs de Blu-ray Panasonic japonais uniquement, ce qui rend le tout compliqué à tester. Il y a aussi assez peu de disques compatibles, mais il y a une série de films assez accessible : ceux du studio Studio Ghibli. Pour tester, j’ai acheté un lecteur japonais (un DMR-BWT560, qui est un lecteur de Blu-ray capable d’enregistrer avec un tuner numérique sur un disque dur de 500 Go) et le Blu-ray de Porco Rosso (la bonne version). J’ai d’ailleurs parlé du disque dur dans un post.
Le fonctionnement, de ce que j’ai compris, est à peu près le même que celui des Blu-ray 3D. Il y a un flux H.264 (AVC) en 8 bits que n’importe quel lecteur de Blu-ray va lire, et un flux secondaire, dans un dossier KDM
, qui permet de reconstruire une image en 12 bits avec un lecteur adapté. Il contient a priori la différence entre le flux 8 bits et le flux 12 bits, c’est expliqué dans le brevet US20140056577A1. D’un point de vue purement pratique, il y a un dossier KDM
qui contient des fichiers .bin
sur le disque. Le premier contient visiblement les données supplémentaires (un peu plus de 8 Go dans le cas de mon disque) et le second affiche la capacité du flux principal aditionnée avec celle du flux supplémentaire (37,28 Go ici). C’est un peu bizarre, mais sans cette astuce, la capacité du disque est incohérente. Le flux principal en .m2ts
pèse 28,9 Go et l’addition des deux donne bien la capacité attendue. A la base, je pensais qu’on était juste sur un encodage un peu amélioré comme avec les Blu-ray en x.v.color de Sony (qui ont un espace de couleur légèrement plus large) mais ce n’est pas le cas : il y a réellement beaucoup d’informations en plus.
On trouve assez peu d’information sur le MGVC, mais c’est logique : c’est une technologie japonaise, liée à un seul fabricant de lecteurs et qui n’est disponible que sur quelques films. Il y a quelques informations ici, un sujet sur les forums de MakeMKV et quelques tests japonais de l’époque.
Le premier donne quelques explications sur la technologie et explique notamment que le MGVC implique un débit plus élevé qu’un Blu-ray classique. Visiblement, on peut monter à 60 Mb/s plutôt que vers 40 Mb/s avec un film classique.
Un second article parle d’un film (Du sans et des larmes) sorti en MGVC au Japon. Un dernier donne quelques informations aussi. Il explique que les films de Ghibli sont bien adaptés parce que les fichiers originaux sont en 16 bits.
Mais ça donne quoi ?
Lors de mes premiers essais, ça a été un peu compliqué. J’ai d’abord tenté sur un vieil écran HDMI et avec une carte d’acquisition HDMI. Le lecteur de Blu-ray indique bien qu’on est en MGVC (Master Grade Video Coding) mais la différence est ténue, pour ne pas dire inexistante. C’est lié à mon installation, j’en suis bien conscient : même en prenant en compte que ma carte d’acquisition permet les couleurs étendues du HDMI, elle travaille a priori en 8 bits avec un encodeur matériel. Donc les différences sur le bruit vidéo ne viennent même pas nécessairement de l’encodage. J’en ai tout de même profité pour capturer les menus, qui permettent d’activer (ou désactiver) le MGVC.
Pour mon second essai, j’ai tenté sur mon téléviseur, mais ce n’est pas un modèle spécialement haut de gamme et l’installation est compliqué étant donné que le lecteur de Blu-ray a besoin d’une tension japonaise. Mais même comme ça, je n’ai pas remarqué de différences particulières. J’en ai ensuite profité pour tester une carte d’acquisition capable de prendre un signal de meilleure qualité, une UltraStudio Recorder 3G de chez Blackmagic. C’est en Thunderbolt 3 avec des pilotes compliqués à mettre en place (merci macOS) mais ça enregistre en 12 bits. Et même avec ça (et en enregistrant en ProRes, presque 300 Go pour le film), je n’ai pas réellement remarqué de différences. J’utilise un écran capable d’afficher du 10 bits avec un espace de couleurs large, mais peut-être que mon splitter HDMI qui fait sauter le HDMI empêche le 12 bits de passer, je ne sais pas trop. J’ai mis les captures en JPEG pour des questions pratiques, mais j’avais effectué une partie des captures dans des formats qui gardent bien les données.
Du coup, je suis un peu dubitatif. Techniquement, la question ne se pose pas : il y a bien des données supplémentaires. Mais pour le reste, j’ai un peu l’impression de me retrouver devant de l’audio en HD, avec le 24 bits/96 kHz (un truc qui existe mais que personne ne peut réellement discriminer). Peut-être que mon installation ne permet pas de voir la différence, peut-être qu’un téléviseur haut de gamme (et plus grand) me permettrait de voir une différence flagrante (ou un lecteur de Blu-ray plus haut de gamme)… mais peut-être aussi que la différence existe mais n’est pas perceptible. En tout cas, avec Porco Rosso, il n’y a rien de flagrant pour moi.
J’ai utiliser Graphic Converter et sa fonction comparer les deux dernières images. Et effectivement, même avec cette fonction c’est pas flagrant.
Les différences sont à la marge !