Test du Magic Keyboard pour iPad Pro (ou pourquoi je ne l’aime pas)

Ce test tourne dans ma tête depuis deux ans environ (je l’ai acheté fin 2023) et dans mes brouillons un peu avant. Et finalement, je me suis lancé. Je n’aime pas le Magic Keyboard pour iPad Pro. J’ai mis test dans le titre, mais c’est plus un avis personnel sur le clavier et son usage.

Je vais commencer par en dire du bien. J’ai un iPad Pro 13 pouces (M2) et donc un Magic Keyboard adapté. Physiquement, c’est propre : ça se connecte facilement avec des aimants, la connexion par le Smart Connector marche bien et la présence d’une prise USB-C pour la charge (uniquement) dans la charnière est une bonne idée. Le clavier respire la solidité et les mouvements pour installer l’iPad sont intuitif. La tablette est bien fixée, rien à dire.

Visuellement, ça ressemble un peu à un Mac portable avec un écran 4:3


La prise USB-C, pratique

Le clavier lui-même est correct. C’est un agencement Apple classique, mais sans les touches de fonction sur mon modèle (Apple en a ajouté sur la nouvelle génération). C’est une peu dommage, on ne peut pas régler le volume au clavier, par exemple. Il y a une touche globe pour les emojis, des flèches, etc. Le clavier a une course un peu faible et ça résonne un peu quand on tape, mais ça reste satisfaisant. Le seul bémol sur la frappe, c’est que la rangée de touches supérieure est un peu trop proche de l’iPad : ça m’est arrivé plusieurs fois de toucher le cadre de l’iPad en écrivant cet article. Le rétroéclairage, absent des autres claviers Apple, est une bonne nouvelle aussi.

Le clavier est assez efficace

Je suis moins convaincu par le trackpad. Il réagit bien, il propose les gestes classiques, rien à dire sur ce point. Et avec les évolutions d’iPadOS, on a un curseur propre et pas le gros rond qu’on a eu à une époque. Mais il a un défaut : il est franchement trop petit. J’ai l’impression de revenir 20 ans en arrière (ou presque) avec le trackpad de mon premier MacBook Pro. Quand on a connu les évolutions des trackpad des Mac, c’est un peu bizarre de se retrouver avec un truc si petit. Comme pour les touches de fonction, Apple a un peu corrigé ça : le nouveau Magic Keyboard a un trackpad légèrement plus large. Assez bizarrement, il semble cliquer physiquement, mais sur toutes la surface, alors qu’on a un modèle haptique sur les Mac et les externes (je ne l’ai pas démonté pour vérifier).

Il est petit

Petit aparté sur un truc : pour le Smart Keyboard Folio, j’avais expliqué qu’il fallait se méfier d’un truc : la découpe pour l’appareil photo. La première génération avait une découpe plus petite, ce qui ne gêne pas réellement, mais amène tout de même un décalage. Sur le Magic Keyboard, c’est le contraire : les vieux modèles ont une découpe assez grande (pour les iPad Pro à partir de 2020), mais ça s’adapte bien aux premiers modèles.

Sur mon modèle, ça s’adapte bien


Sur les premiers iPad Pro compatibles, il y a un espace vide. Image MacStories.

Mais il y a un problème équivalent : le Magic Keyboard des iPad Air récents a une découpe plus fine. On peut utiliser le clavier des iPad Pro sur un iPad Air (13 pouces), mais le contraire est plus compliqué, c’est bancal. C’est dommage car il gagne les touches de fonction et un trackpad légèrement plus grand.

On voit que la forme du trou est différente. Image iGeneration.

Les défauts

La raison principale pour laquelle je n’aime pas le Magic Keyboard, d’abord, c’est le concept lui-même. C’est un peu idiot, je sais, mais avec le Smart Keyboard Folio je peux utiliser la tablette comme une tablette. Le clavier se rabat à l’arrière, et même si c’est un peu plus épais et plus lourd, ça passe.

Avec le Magic Keyboard, ce n’est pas le cas. Je ne peux pas utiliser l’iPad comme une tablette dans mon canapé avec le clavier connecté, et donc je dois le débrancher et remettre sa housse classique. Ce point me bloque vraiment à l’usage, car l’iPad n’est pas un outil de travail pour moi (je vais revenir sur ce point). Le Magic Keyboard a des avantages, mais il m’impose plus ou moins de considérer l’iPad comme un outil de travail, qui nécessite un clavier et un trackpad. Et dans la majorité des cas, pour mon usage, ce n’est absolument pas le cas. Il a aussi un problème de poids, d’ailleurs : l’iPad Pro et son Magic Keyboard dépassent 1,4 kg, alors qu’un MacBook Air M3 avec une housse sont vers 1,3 kg.

C’est lourd

En deux ans, je n’ai pratiquement pas utilisé le Magic Keyboard chez moi. Parce que l’iPad est une tablette pour mon canapé, et que j’ai un Mac pour les cas où j’ai besoin d’un clavier et d’un trackpad. Je l’ai utilisé de temps en temps en déplacement, mais en pratique je suis bien plus efficace avec un MacBook Air… et même avec le Smart Keyboard Folio. Le clavier est moins bon et il n’y a pas de trackpad, mais pour les cas où je dois taper du texte, ça suffit amplement en fait. J’ai tenté de me forcer à l’utiliser, mais comme je dois le laisser traîner sur la table du salon pour les rares cas où j’ai besoin de taper plus que deux ou trois lignes (si c’est court, le clavier tactile suffit) ça m’a vite énervé. Et encore une fois, la gymnastique de retier la housse pour mettre le clavier et la position que ça m’oblige à prendre m’ont vite fait arrêter cette tentative.

Le problème iPadOS

Mais le principal problème, c’est iPadOS. La raison pour laquelle je fais finalement ce test, c’est un article d’un de mes collègues sur ce point, justement. Parce qu’iPadOS, pour travailler, c’est horrible pour moi. Et j’écris bien pour moi : je suis au courant qu’un iPad avec un Magic Keyboard est parfait dans certains métiers, qu’en déplacement c’est intéressant dans certains cas et qu’il y a des gens qui trouvent iPadOS plus efficace que macOS. Mais j’ai la faiblesse de penser que ceux qui pensent ça n’utilisent pas réellement macOS.

Ça ne remplace pas un MacBook Air pour mon usage

Mon premier souci, c’est qu’iPadOS est moins efficace. Je peux faire une bonne partie des tâches que je fais habituellement, mais moins rapidement. Le multitâche est moins rapide, la gestion des fenêtres est moins bonne, la gestion des écrans externes est franchement mauvaise et je ne parle même pas de la gestion des fichiers. Il y a un gros paradoxe, aussi, avec iPadOS : les évolutions actuelles vont vers une tentative de singer macOS, en moins bien. Pour moi, l’iPad est un bien meilleur produit qu’un MacBook Air (par exemple) pour la consulation, mais un bien moins bon appareil pour la création.

Parce que réellement, dans le meilleur des cas, je peux faire la même chose que sur un MacBook Air, mais en moins efficace. Et en pratique, je ne travaille pas sur un coin de table avec un MacBook Air (ce n’est pas un jugement), mais sur un bureau avec un grand écran et un Mac mini très nettement plus performant. Ce n’est pas totalement anodin : j’ai rédigé directement dans l’interface de WordPress et j’ai fait quelques recherches en parallèle, ce qui a amené l’onglet de WordPress à se recharger et m’a fait perdre quelques lignes. La gestion de la mémoire d’iPadOS est franchement un problème pour ça.

Mais ce qui me bloque le plus, évidemment, c’est tout ce que je ne peux pas faire. Pour le boulot, nos outils ne sont pas disponibles sur iPadOS, donc j’ai besoin d’un Mac. La correction avec Antidote est une blague sur l’iPad, et je n’ai pas la patience de chercher s’il existe des utilitaires pour remplacer ceux que j’utilise sous macOS. J’ai besoin de trier facilement mes fichiers, d’enregistrer et modifier des images, éventuellement de faire un montage vidéo rapide, etc. Même la gestion des e-mails est limitée, par exemple.

Pour le blog, c’est pire : Safari n’a pas certaines options, la gestion des fichiers est bien trop mauvaise pour archiver proprement mes données et gérer les images avant la mise en ligne et une bonne partie des logiciels que je teste dépend de macOS ou d’une machine virtuelle. Les accès à mon réseau, à mes disques externes, à du matériel qui demande des pilotes et de nombreuses autres choses ne fonctionnent tout simplement pas avec un iPad.

Encore une fois, c’est un avis personnel, et je sais parfaitement que je serais dans le même cas si je devais repasser sous Windows ou me diriger vers GNU/Linux, par exemple. Mais iPadOS est bien plus limité sur ces points, et s’il existe des alternatives à ma manière de fonctionner avec Windows, ce n’est pas le cas ici. Et je pars du principe que si je peux m’adapter pour certains points, c’est aussi à l’OS d’être assez souple pour m’éviter de le faire en permanence. Je n’ai pas besoin qu’il s’adapte spécifiquement à ma manière de fonctionner (c’est illusoire), mais a minima qu’il se fasse oublier et me permette d’adapter ma manière de fonctionner. Et iPadOS n’est très clairement pas pensé dans cette optique. iPadOS peut être efficace si on pars de zéro et qu’on réfléchit aux bonnes méthodes, mais même dans dans ce genre de cas, il est possible de faire la même chose avec un Mac de façon plus productive dans la majorité des usages. En dehors des métiers qui demandent de se déplacer avec une tablette qui va prendre des photos et où le tactile est important (et ça existe), je n’ai pas beaucoup d’exemples ou un iPad avec un clavier va être plus efficace qu’un Mac (ou même équivalent).

Le problème du prix

Je termine par le prix, parce que ça joue pas mal aussi. Un iPad Pro M5 de base vaut 300 € de plus qu’un MacBook Air M4 (et je ne prends pas en compte les promotions). Même en partant sur un iPad Air M3 13 pouces, ça reste assez proche d’un MacBook Air… et sans le clavier. La version pour iPad Pro vaut 400 € et celle pour iPad Air vaut 350 €. Un iPad Air M3 avec le clavier va dépasser le prix du MacBook Air pour un résultat moins efficace et moins performant (puce M3, 128 Go de stockage, etc.) et un iPad Pro avec le clavier va s’approcher des 2 000 € et dépasser le prix d’un MacBook Pro M5.

Le prix du Magic Keyboard est difficilement justifiable et ce n’est pas un produit régulièrement en promotion. Et rien que ce point rend presque caduque l’idée même de travailler avec un iPad Pro plutôt qu’avec un Mac, vu que l’investissement est nettement plus élevé. Après, ça dépend évidemment votre usage : un MacBook Air est efficace pour travailler et est correct comme outil de consultation, alors que l’iPad est dans le cas contraire. La solution idéale, c’est évidemment les deux, mais le budget explose assez vite.