DCC, la cassette numérique de Philips

Au début des années nonante, il y avait le Minidisc et la DCC. Si le premier reste encore connu, la seconde n’a pas beaucoup d’aficionados. Pourtant, le format de Philips est intéressant, il était même possible de ripper le contenu des cassettes sur un PC (alors que ce n’est pas évident avec le Minidisc). Explications.

La DCC (Digital Compact Cassette) est une cassette numérique : dans le même format qu’une cassette audio classique, Philips stockait donc des données numériques, environ 250 Mo. Comme le Minidisc, les cassettes DCC utilisent une compression avec pertes, ce que Philips appelle le PASC. Ce codec est en fait un dérivé d’un des codecs audio du MPEG-1, le MPEG-I Layer I (le layer II est utilisé dans les DVD et les Video CD, le Layer III est le célèbre MP3).

Une cassette DCC

Une cassette DCC

Si la cassette en elle-même vous intéresse, le site de Jonathan Dupre est intéressant. Ce qui m’intéresse ici est la connexion à un ordinateur, une fonction rare à l’époque.

Le câble (Jonathan Dupre)

Le câble (Jonathan Dupre)

Un des lecteurs DCC de l’époque, le DCC 175, était en effet connectable à un PC. Ce lecteur portable était (parfois) livré avec un câble de connexion avec une prise parallèle (DB-25) et des programmes pour MS-DOS permettait de récupérer le contenu des cassettes DCC sur un PC. Le DCC 175 est assez rare, il a uniquement été vendu aux Pays-Bas dans les années nonante, et tous les lecteurs n’étaient pas vendus avec le câble de connexion, qui était optionnel.

Les différents programmes permettaient notamment de récupérer le contenu d’une cassette DCC, de convertir les données en WAV et même de sauver des données sur une cassette. Si la capacité était intéressante à l’époque (250 Mo, plus que les ZIP100), les débits très faibles limitaient l’intérêt de la chose.

Conversion en cours

Conversion en cours

La conversion entre un fichier PASC et un fichier WAV était possible avec un logiciel, mais c’était horriblement lent. A l’époque, il fallait une nuit pour convertir quelques minutes, et même maintenant, dans une machine virtuelle sur un Core i7 mobile, il faut compter plusieurs minutes. J’ai testé avec un fichier de test présent dans DCC-Studio, faute de lecteur pour tester avec une vraie cassette : la conversion de 23 secondes en PASC vers du WAV prend environ 15 minutes dans une machine virtuelle. Même chose pour la conversion du WAV vers le PASC : plusieurs heures pour une piste.

Essayer de lire du PASC (extension MPP) avec des moyens modernes est intéressant. Techniquement, le PASC *est* du MPEG-1 Layer I, mais avec une petite différence : les frames font 420 octets au lieu de 416 octets, pour des raisons de synchronisation avec la bande. Les 4 octets de différences sont mis à zéro, et c’est une fonction qui fait partie de la norme, mais tous les décodeurs ne le prennent pas en compte.

En renommant simplement un fichier MPP en MP1, il fonctionne directement avec QuickTime Player, mais il y a une erreur sur la durée (4:53 au lieu de 4:50). Le son est parfaitement audible, sans défauts audibles. VLC, par contre, ouvre le fichier mais le considère comme un MP3 (MPEG-1 Layer III) et ne le lit pas. En « convertissant » le MPP en MP1 avec DCCCONV, qui ne fait que supprimer le padding, ça fonctionne parfaitement dans VLC ou dans QuickTime Player.