Il y a quelques mois, je parlais d’une PlayStation (la première) capable de lire les Video CD, la SCPH-5903. Et j’en ai trouvé une, avec laquelle j’ai testé quelques trucs.
Premier truc à savoir, il existe énormément de versions de la PlayStation originale. Sans compter le modèle que je possède, il existe 23 variantes de la PlayStation grise classique, plus quatre variantes matérielles de la PSOne, la version d’entrée de gamme redessinée en 2000. Les différences vont de l’absence de la sortie RCA sur les modèles « récents » à la disparition du port parallèle (que Sony n’a jamais utilisé), l’intégration de plus de fonctions dans le BIOS, etc. Une page Wikipedia donne quelques différences entre les différents modèles.
Le modèle que je possède, la SCPH-5903, est assez particulière. Premièrement, elle arbore une robe blanche (à l’origine, elle est un peu jaunie) alors que toutes les autres consoles (sauf une édition spéciale encore plus rare) sont grises. Deuxièmement, elle lit les Video CD et intègre une connectique complète : port parallèle, port série, sortie « A/V » mais aussi sortie RCA pour l’audio, sortie composite pour la vidéo et même une sortie RF. A l’origine, la console était livrée avec une manette blanche, dans le design original (c’est-à-dire sans stick analogique) mais je ne l’ai pas. J’ai donc récupéré une manette de PSOne, une Dual Shock de la même couleur que la console.
Techniquement, la console est uniquement compatible NTSC pour la sortie (en version -J, c’est-à-dire avec un niveau de noir différent de la version américaine) mais elle ne pose pas de soucis avec les jeux : le propriétaire précédent à installé un modchip. Vu que je me suis posé la question, petite explication : les jeux PlayStation originaux possèdent un code dans une zone que les graveurs de CD classiques ne peuvent pas écrire. Le code en question indique la zone : SCEI pour le Japon, SCEEE pour l’Europe et SCEA pour l’Amérique (Sony Computer Entertainment Inc, Europe ou America). De base, la console va lire le code et s’il ne s’agit pas du bon (cas d’un jeu d’une autre zone) ou s’il est absent (cas d’un CD-R), le jeu ne se lance pas. Le principe du modchip consiste à placer une puce entre le lecteur de CD-ROM et le processeur et à insérer la bonne valeur, en court-circuitant la lecture. Un modchip dépend donc de la version de la console. En plus de la protection elle-même, un autre problème peut surgir : la norme vidéo. Les jeux européens sont en PAL et les jeux japonais et américains en NTSC. Un jeu PAL ne passe donc pas directement sur la console NTSC (et je n’ai pas testé la possibilité de patcher une ISO).
La lecture de Video CD est liée à un PCB dédié sur la carte mère. Il contient une puce de décodage MPEG1 capable de prendre la main sur la sortie vidéo. Le PCB est évidemment couplé à un BIOS qui contient une interface pour lire les Video CD. C’est assez rudimentaire, je vais vous le montrer. Petit truc intéressant à savoir, le Japon et le reste du monde n’utilisent pas le même layout dans les jeux. Dans le pays qui n’existe pas (le Japon), le rond sert à valider et la croix sert à annuler, alors que c’est le contraire dans tous les autres pays. C’est important avec la lecture de Video CD : l’interface intégrée utilise le layout japonais et il faut donc utiliser la touche rond pour valider. Si la console n’accepte pas les jeux PAL, elle lit par contre les Video CD PAL en plus des disques NTSC, mais il y a visiblement un upscale qui déforme l’image. Au passage, mon AVCD de Kylie Minogue fonctionne bien dans la console.
L’interface permet de lire (start) et stopper (select) la lecture. Presser la touche carré permet d’effectuer quelques réglages, comme afficher les informations sur la piste en cours (durée, notamment). Il est aussi possible de régler le son, en choisissant la voie. La raison est liée à la gestion des langues sur les Video CD : certains disques encodent une langue sur la voie de gauche et une autre sur la voie de droite, alors que d’autres travaillent en stéréo avec une seule langue. Enfin, les gâchettes permettent d’avancer dans les pistes ou d’accélérer la vidéo (ce qui donne des résultats très moyens avec le MPEG1 du Video CD). A noter que la console semble supporter les menus « PBC » des Video CD, mais le seul Video CD que j’ai qui semble posséder cette fonction n’affiche pas de menus.
Pour ceux qui veulent éviter d’utiliser une manette comme télécommande, la télécommande DVD pour la PlayStation 2 fonctionne parfaitement sur une PlayStation. Elle intègre en effet une sorte d’émulation de contrôleur en plus des boutons dédiés aux DVD. C’est évidemment peu pratique dans les jeux, mais c’est parfait pour lire des Video CD. Attention tout de même, la télécommande (SCPH-10150) doit être livrée avec un récepteur à brancher sur la console, et certaines versions ne possèdent pas ce dernier car une partie des PlayStation 2 dispose de ce récepteur en interne.
Dernier point, les Video CD ne sont pas si affreux. C’est franchement flou (pour rappel, j’en parle là, les Video CD se limitent à du 352 x 240 en NTSC) et devoir changer de disque en cours de film reste toujours aussi énervant, mais le décodage de la console évite quand même les artefacts de compression. Sur un ordinateur, les macroblocks du MPEG1 sont très visibles alors que sur la console, le flou de la sortie composite et de l’upscale interne limitent le souci (mais c’est flou, donc).
Concernant la disposition des boutons de validation et annulation dans les jeux, il y a quelques exceptions. Des jeux développés au Japon notamment, qui en Europe au moins gardent leur disposition d’origine. De mémoire (pas sûr de moi), les (certains ?) Metal Gear Solid…
Final Fantasy VII aussi. C’était le premier jeu ou j’ai rencontré ce layout.
C’est marrant de pouvoir tester ces consoles si longtemps après. J’ai des vagues souvenirs de Playstation Magazine ou c’était parfois vaguement abordé avec une petite photo flou (j’ai souvenir d’un méga sujet sur la Net Yaroz, la playstation noir pour les développeurs « en herbe » par exemple).
Très intéressant et instructif en tout cas !
Oui j’ai connu la Net Yaroz par le PlayStation Magazine français aussi. Et ce doit être par eux que j’ai appris cette histoire de bouton « Rond » pour valider au Japon.