La carte Apple IIe pour Macintosh

Dans les années nonante, Apple a sorti une carte intéressante pour simplifier le passage de l’Apple II au Macintosh : la carte Apple IIe. Destinée aux Macintosh LC (mais pas que), elle permettait de lancer des programmes Apple II sur un Macintosh, nativement. Et son fonctionnement technique est intéressant.

Un Apple II sur une carte

La carte, au format PDS, n’émule pas réellement un Apple II mais contient l’équivalent d’un Apple II physique. La carte contient un CPU (65C02) configurable à ~1 MHz (comme un Apple II) ou 1,9 MHz, pour exécuter les applications. Elle intègre aussi 256 ko de RAM (avec la possibilité d’utiliser une partie de celle du Mac), un contrôleur pour les lecteurs de disquettes et – surtout – une puce Mega II. Cette dernière est (en gros) l’équivalent d’un Apple II sans processeur dans une seule puce, et elle a été utilisée aussi dans l’Apple IIGS (dans une version un peu différente) pour la compatibilité. En plus de tout ça, elle propose une prise externe avec 26 broches, qui permet de connecter des lecteurs de disquettes et des joysticks. Elle nécessite un câble spécifique (que je n’ai malheureusement pas, j’y reviens).

La carte et ses différentes puces


Le connecteur PDS


Le connecteur d’extension

Pour la compatibilité, la carte nécessite un Macintosh 68K avec du PDS (Apple liste les machines compatibles), sous System 7.5.5 au maximum. La raison vient de la gestion de la mémoire : la carte Apple IIe gère la mémoire sur 24 bits et Mac OS (7.6) ne permet plus de gérer la mémoire en 24 bits. Sur un Mac compatible, il faut forcer la gestion de la mémoire en 24 bits (ce qui limite à 8 Mo de RAM au maximum, même avec 36 Mo de RAM).

6 Mo de libre


Mode 24 bits

Le logiciel de la carte émule les composants à partir de ceux du Macintosh. Donc le clavier, la souris, les ports série, l’AppleTalk, un disque dur, l’audio, la vidéo (« haute définition ») et même le lecteur de disquettes 3,5 pouces. Pour les accessoires dédiés de l’Apple II (lecteurs de disquettes 5,25 pouces et joysticks), la prise permet de les utiliser.

On peut brancher un joystick


Et des lecteurs de disquettes

Le problème du stockage

La gestion du stockage est un vrai problème avec la carte. Il existe plusieurs possibilités. La première consiste à partitionner le disque dur et laisser une partition ProDOS pour l’Apple II. Une solution que j’ai abandonné directement, je n’avais pas envie de formater et réinstaller le système. Il reste a priori possible de mettre un disque dur dédié en SCSI, mais je n’ai pas essayé. Deuxième solution, utiliser des lecteurs de disquettes pour Apple II. Le câble – que je n’ai pas – permet de brancher certains lecteurs externes Apple, mais pas tous : l’UniDisk 5.25 ne fonctionne par exemple pas et peut endommager le Mac. Cette solution nécessite des lecteurs (et des disquettes) ou un Floppy Emu (je suppose) configuré en mode Apple II.

La dernière solution passe par le lecteur de disquettes du Mac. Pour éviter de faire des disquettes Apple II, j’ai utilisé mon Floppy Emu en mode Mac. Ce n’est pas franchement adapté, j’avoue : il ne monte pas les disques SmartPort ni les images de disquettes 5,25 pouces pour Apple II. Seules les images en format po de la bonne taille (800 kio) montent avec le Floppy Emu. J’ai quelques images qui ne font pas exactement la bonne taille (819 179 octets au lieu de 819 200 octets) qui ne montent pas (ou plus exactement, qui ne sont pas vues) par l’émulateur.

Le test

En pratique, pour tester, j’ai donc branché le Floppy Emu en interne et la carte Apple IIe dans mon Macintosh LC III (Performa 450). Il est sous System 7.1, avec 36 Mo de RAM (8 Mo utilisables) et branché sur un écran Apple (Studio Display) en 640 x 480.

Un Macintosh LC III ouvert et l’écran Studio Display

Le lancement s’effectue en cliquant sur un fichier ProDOS (par exemple sur une disquette), ce qui lance l’émulateur et le programme. L’affichage n’est pas en plein écran et prend la définition de l’Apple II (560 x 384, du 560 x 192 doublé en hauteur) au milieu de l’écran. En pressant ctrl + command + esc, le programme se met en pause et le panneau de contrôle apparaît. Il permet le réglage de la fréquence du CPU, la mémoire (256 ko à 1 024 ko), la souris, l’imprimante, les éventuelles cartes série et les cartes d’extension. L’Apple II virtuel fonctionne comme un Apple II classique, avec des connecteurs d’extension par exemple. Le programme permet aussi de gérer des disques durs, soit à travers une partition sur un disque dur SCSI, soit sur le connecteur d’extension.

Fréquence et autres


Mémoire


Les extensions

Flappy Bird

Pour tester, j’ai lancé un jeu moderne : Flappy Bird. Ce célèbre hit existe en effet en version Apple II et a surtout l’avantage d’avoir été distribué sur une image disque qui fonctionne dans mon émulateur. Le jeu en lui-même n’a rien de particulier, mais il fonctionne. J’en ai profité pour tester l’overclocking, et le jeu devient encore plus compliqué qu’au départ : il tourne plus vite (parfaitement audible avec le son).

L’Apple II


Flappy Bird


Flappy Bird

A noter que certains sites indiquent que l’affichage est parfois plus lent que celui d’un véritable Apple II, étant donné qu’il passe à travers QuickDraw sur le Mac. Dans ce que j’ai pu tester (et sans point de comparaison), je ne peux pas juger sur ce point. La carte d’Apple a l’avantage de gérer tous les modes d’affichage de l’Apple II (80 colonnes, mode haute définition, etc.).

Conclusion

La carte fonctionne, c’est pratique pour remplacer un Apple II, mais il y a quelques limites, comme l’impossibilité d’utiliser des images disques ou les programmes sur cassette. Un émulateur fait un bien meilleur boulot en 2017, mais en 1991 c’était évidemment une option inenvisageable. Dans mon cas, j’ai quand même deux problèmes : je n’ai pas le câble en Y qui permet la connexion des accessoires et je ne peux pas accéder facilement au réseau quand la carte est installée, vu qu’elle prend la place de ma carte Ethernet.

Pour terminer, si vous avez le câble en Y qui traîne, ça m’intéresse. Les rares que je trouvent sont vendus à un prix prohibitif ou avec la carte (qui vaut aussi très cher sur les sites de petites annonces).