Mon bilan après presque deux ans de Starlink

Depuis bientôt deux ans, je suis abonné à Starlink. Et donc c’est le moment de faire un petit bilan. Je vous préviens, c’est long.

Starlink, c’est quoi ? Une connexion à Internet qui passe par des satellites. Pas un, comme les offres qui existent depuis très longtemps, mais des. SpaceX a envoyé des milliers de satellites (plus de 7 000) dans des orbites basses, une solution qui a des avantages évidents dans le cas d’une connexion. Starlink fonctionne à peu près partout sur la planète, mais il y a différents abonnements. Je vais expliquer un peu tout ça, mais Starlink repose sur une antenne – il en existe plusieurs – qui a besoin d’une vue dégagée vers le ciel et sur un abonnement qui offre plus ou moins de choses.

Mon antenne (le panneau solaire est pour une caméra)

Pourquoi j’utilise Starlink

La raison principale, c’est que c’est une solution de secours chez moi. Je n’utilise pas Starlink comme connexion principale (j’ai la fibre pour ça), mais c’est pratique en cas de panne. Je suis en télétravail et donc la connexion est vitale pour que je puisse travailler. Dans ce cas de figure, il y a plusieurs choix possibles. Le premier est d’ouvrir une seconde ligne en fibre optique, mais ce n’est pas pratique et s’il y a un problème au niveau d’une armoire (par exemple), les deux lignes risquent de ne pas fonctionner. La seconde, c’est une ligne ADSL, mais c’est lent et dans mon cas c’est compliqué. J’ai eu des soucis pour ouvrir une ligne quand je suis arrivé dans mon logement (un des opérateurs a même abandonné) et de toute façon la technologie est en fin de vie. Dans mon cas, la fin de commercialisation est prévue début 2026, la fin du réseau pour début 2028. Enfin, il y a la 4G ou la 5G.

La connexion cellulaire chez moi : c’est mauvais.

C’est probablement la solution la plus évidente, mais elle a des défauts. Le premier, dans mon cas, est simple : je capte mal. Je vis en Îles-de-France, mais une partie de mon village est couvert en 5G… et l’autre (ou je vis) est mal couverte. Chez moi, j’ai une barre de 4G quand tout va bien, mais de temps en temps de la 3G (et même de l’EDGE dans certains coins). Le second point, c’est que la 4G n’est pas très adapté en cas de problème. C’est utilisable en journée, mais pas pendant les vacances ou le soir : les réseaux tiennent rarement la charge quand il y a trop de personnes. Et comme je capte mal, c’est la double peine : tout le monde capte mal. Enfin, la 4G a le défaut de reposer soit sur un smartphone en partage de connexion – ce n’est pas pas pratique – ou sur des offres de 4G fixe. Le partage de connexion, c’est compliqué quand on a de la domotique ou beaucoup d’appareils et un modem avec de l’Ethernet est plus simple. Sauf que je ne peux pas transférer mon forfait dans un modem. Accessoirement, en cas de longue panne, j’ai besoin de très nettement plus que ce que propose mon abonnement au niveau des données. Les offres 4G/5G fixes sont la solution en théorie, mais pas en pratique : je ne peux pas m’abonner. Bouygues, Orange et Free m’empêchent de le faire (j’évite SFR). Je pourrais tricher avec un abonnement grand public, mais les contrats ne le permettent pas sur le papier, et la limite en données est un problème.

Dans les autres choix, j’avais donc les offres satellites classiques et Starlink. Sauf que les offres satellites ont une latence élevée (plusieurs centaines de millisecondes), sont assez onéreuses (du même ordre que Starlink) et ont des limites sur les données (100 Go prioritaires pour 40 €/mois). Et en plus, les débits restent assez moyens. Il faut aussi installer une antenne, qui vaut 300 € (comme Starlink) et je ne peux pas avoir les aides. Restait Starlink.

Le cas Elon Musk

On va évacuer ce point tout de suite. Oui, Starlink, c’est Elon Musk. Oui, c’est un problème moral. Non, ça ne m’empêche pas d’être abonné. Nazis, I hate these guys. Mais dans la pratique, je n’ai pas d’autres solutions réellement viables, ça fonctionne bien et je ne fais pas non plus un don à Elon Musk (il n’a pas fabriqué mon antenne avec ses petites mains). Et accessoirement, si je devais vraiment me poser la question des problématiques morales liées aux personnes derrière ce qu’il y a chez moi, je devrais probablement jeter beaucoup de choses. Vous pouvez ne pas être d’accord, mais ça ne va probablement rien changer à mon avis tant que je ne trouve pas une solution à peu près équivalente.

Des satellites en orbites basses

Je ne vais pas tout détailler, mais il faut comprendre comment ça marche. Les offres satellites classiques reposent sur un satellite géostationnaire, qui est à environ 36 000 km d’altitude, avec une position fixe dans le ciel par rapport à nous. Dans ce type d’offres, le satellite couvre donc une grande surface et un grand nombre de clients. Cette altitude élevée pose un problème : la latence. Il faut à peu près 120 ms pour atteindre un satellite géostationnaire, ce qui amène une latence minimale de l’ordre de 500 ms (et plutôt de 600 à 800 ms en pratique). Pourquoi une valeur si élevée ? Parce que si vous demandez une page, il faut envoyer le message au satellite (120 ms), qui va l’envoyer vers une station au sol (120 ms), la station au sol va contacter le site (on va dire une dizaine de millisecondes si tout va bien), renvoyer l’information au satellite (120 ms) et enfin revenir chez vous (120 ms). Le problème, c’est qu’une latence si élevée a un impact direct à l’utilisation : une impression de lourdeur dans le chargement des pages, l’impossibilité de jouer en ligne ou un décalage parfaitement audible dans une conversation (en ligne ou même avec une offre de téléphonie).

Une image promo de Nordnet.

Starlink ne fonctionne pas du tout de la même façon. Premièrement, les nombreux satellites sont sur des altitudes bien plus faibles (340 km, 550 km et 1 150 km). Le déploiement n’est pas régulier, mais la distance à parcourir est entre 30 et 100 fois moins élevée. La latence est donc de 1 ms, 2 ms ou 4 ms environ pour la liaison elle-même, ce qui donne en pratique une latence minimale de l’ordre de 15 ms dans le meilleur des cas, et vers 30 à 40 ms en pratique. Ce n’est pas aussi bon que ce que vous pourrez avoir avec une connexion en fibre optique (quelques millisecondes) mais c’est du même ordre que de l’ADSL et largement meilleur qu’une offre géostationnaire. Vous n’entendrez pas de décalage audio, vous ne verrez pas réellement la latence à l’usage, mais vous risquez tout de même de le sentir dans les jeux en ligne moderne, même si certains titres tentent de cacher la latence.

Le second point, c’est que les satellites sont rapides et ne sont pas fixes par rapport à vous. Vous pouvez être connecté à un satellite x et vous retrouver sur un autre quelques minutes après. En France, les satellites communiquent directement avec une station au sol (à Villenave d’Ornon) qui va servir de relais. Il y a en a pas mal en Europe et aux Etats-Unis, mais évidemment pas partout dans le monde. Si vous êtes dans un endroit sans station au sol visible par un satellite (en Afrique, en pleine mer, etc.), il faut ajouter un peu de latence : votre satellite va devoir communiquer avec un autre satellite visible pour lui avant de se connecter à une station au sol. Ou, si le second satellite n’est pas non plus dans une zone avec une station, un suivant. Dans les zones isolées, la latence peut donc devenir un peu plus élevée.

Le principal défaut de Starlink, c’est que pour obtenir une couverture élevée, il faut beaucoup de satellites : plus l’orbite est basse, plus le satellite tourne vite et (surtout) plus le cône qu’il va couvrir au sol est petit, c’est assez simple à visualiser. Par contre, la bonne nouvelle, c’est que le satellite peut être plus petit : il couvre moins de personnes et comme la distance est plus courte, la puissance nécessaire est plus faible (et les antennes plus petites). Pour le moment, il y en a environ 7 500, et le nombre augmente de façon régulière, ce qui améliore les performances.

Je ne vais pas cacher sous le tapis le problème : c’est de la pollution et une fuite en avant évidente. Les satellites ont une durée de vie plus faible que les gros modèles géostationnaires, en partie à cause des orbites basses mais aussi probablement pour des raisons économiques : envoyer un gros satellite à 36 000 km a un coût élevé, donc il doit rester longtemps. SpaceX utilise ses fusées réutilisables pour Starlink, et il y a donc probablement un compromis économique entre la durée de vie, le coût de l’envoi et la durabilité du satellite. Les satellites polluent le ciel pour les astronomes, même s’il y a eu quelques ajustements depuis les débuts, et les risques d’accidents existent. Pour ce qui est des dangers de réactions en chaîne et autres destructions, les articles que j’ai pu lire semblent indiquer que c’est un faux problème, et c’est logique : même si les satellites se concentrent en partie sur les zones habitées, la densité est (très) faible et nous ne sommes pas dans Gravity. Est-ce totalement nécessaire d’envoyer des milliers de satellites pour donner un accès à Internet partout dans le monde ? Probablement pas. Mais dans les faits, ils sont là, le service est intéressant pour certaines personnes et il a des avantages évidents dans certains domaines, qu’ils soient civils ou militaires.

Combien ça coûte et comment ça marche ?

Starlink nécessite deux choses, mais ça ne va pas vous étonner. Premièrement, un abonnement. Deuxièmement, une antenne, qui est l’équivalent d’un modem. Pour l’abonnement, il y a plusieurs options. Dans mon cas, j’ai un abonnement résidentiel classique, qui coûte 40 €/mois. Il offre une connexion illimitée, mais il est lié à mon adresse. L’antenne intègre un récepteur GPS et donc je ne peux pas la déplacer n’importe où. Je peux en théorie déclarer un déménagement (par exemple pour me connecter sur un lieu de vacances) mais c’est une sorte de zone grise. L’abonnement est sans engagement, sans possibilité de mettre en pause. Depuis quelques mois, Starlink propose une variante à 29 €/mois, le forfait résidentiel Lite. Il offre la même chose, mais avec des données moins prioritaires. Sur le papier, les abonnés à l’offre classique passent donc devant, ce qui peut ralentir (un peu) la connexion pendant les heures de pointe, mais la connexion reste illimitée. Les prix que je donne sont ceux pour la France : Starlink vend son offre à des prix très différents selon les pays.

Je suis à la bonne adresse de service

Il existe aussi des abonnements mobiles (itinérance). La version de base vaut 40 €/mois, avec une limite à 50 Go de données. Pour 72 €/mois (quand j’ai commencé cet article) 89 €/mois, elle est illimitée. L’offre en question vous permet de vous connecter partout dans le pays de souscription (même en mouvement). Il est aussi possible de se connecter depuis l’étranger (dans les pays officiellement couverts) pendant deux mois consécutifs (il faut ensuite se connecter depuis le pays de souscription) et dans les eaux territoriales (sans trop s’éloigner des côtes) avec quelques limites. En itinérance, les forfaits sont moins rapides (les données des clients résidentiels sont prioritaires) et il est possible de mettre l’abonnement en pause si vous ne l’utilisez pas. Compte tenu de la différence de prix (40 € vs. 89 €), le calcul est à faire en fonction de vos usages. La variante limitée est à éviter selon moi, parce que 50 Go, c’est assez peu et c’est trop cher pour un usage ponctuel.

Il y a aussi des forfaits pour les entreprises et pour ceux qui ont besoin d’une connexion partout dans le monde, mais le prix n’est pas le même (on dépasse 2 000 € mensuels pour l’abonnement le plus cher).

Parlons de l’antenne

En plus de l’abonnement, il faut donc une antenne. Il en existe plusieurs, et j’ai la 2e génération, qui est motorisée. Elle était vendue 450 € mais il y a eu régulièrement des promotions. Actuellement, Starlink propose la 3e génération, qui vaut 350 €, et l’antenne Starlink mini, portable, qui vaut 300 €. Il est possible d’acheter une antenne d’occasion pour réduire le coûts et le SAV est visiblement assez efficace. Attention, je parle des générations sur le côté esthétique, mais en réalité, il y a des variantes intermédiaires.

Deux antennes, la 2e génération et la Starlink mini

L’antenne n’est pas le seul investissement, en réalité, parce qu’il y a un point important : elle doit être à l’extérieur avec une vue dégagée vers le ciel (vers le nord ouest). Dans mon cas, j’ai donc dû acheter un kit pour faire sortir le câble de liaison à travers un mur (on peut s’en passer, mais c’est plus simple d’avoir les outils adéquats) et un support pour placer l’antenne sur un piquet dans mon jardin. Ma solution n’est pas idéale, car j’ai l’angle d’un bâtiment qui est visible, mais ça suffit pour obtenir une connexion stable. Si le but est d’utiliser Starlink comme connexion principale, il vaut mieux avoir un mat assez haut ou fixer l’antenne au toit. Comme elle n’est pas trop loin de mon logement, le câble d’origine suffisait, mais Starlink vend des câbles plus longs (j’avais 15 mètres environ). Question travaux, c’est une tranchée dans ma pelouse et un trou dans un mur.

Un trou dans le mur pour le câble

Mon antenne de 2e génération est motorisée, c’est-à-dire qu’elle est capable de s’orienter automatiquement dans la meilleure position. C’est assez pratique si vous vous déplacez, mais ce n’est pas indispensable. L’antenne de 3e génération, elle, ne l’est pas. Il faudra donc l’orienter manuellement dans la bonne direction avec l’aide de l’application Starlink. Pour une installation résidentielle, ce n’est pas un problème : l’orientation ne change pas régulièrement (j’ai eu juste un changement après quelques mois).

La vue depuis l’iPhone, on voit un morceau de toit

Les antennes de 2e et 3e génération reposent sur un routeur, qui fait aussi office d’alimentation. On a donc une antenne qui est reliée au routeur de Starlink (fourni), qui lui est relié à une prise électrique. Dans ma génération, il n’y a pas d’Ethernet sur le routeur e j’ai donc aussi acheté un accessoire qui m’a permis de relier l’ensemble à mon réseau local. La version actuelle (3e génération) a des ports Ethernet directement sur le routeur. Il est en théorie possible d’installer le routeur à l’extérieur, mais ce n’est pas conseillé. Tant pour des raisons pratiques (il est IP56, donc plutôt pensé pour l’intérieur) que technique, parce que le Wi-Fi est assez moyen.

Mon routeur est désactivé (et poussiéreux). L’adaptateur gris renvoie l’Ethernet vers le câble bleu.

Pour résumer, il faut donc installer l’antenne à l’extérieur avec une vue dégagée, puis la relier à un routeur qui se trouve dans votre logement. Et ce dernier peut ensuite être connecté à votre réseau. N’espérez pas placer l’antenne dans des combles ou sous une charpente, ça ne fonctionne pas. De même, la vue doit être réellement dégagée, c’est-à-dire sans obstacles. Il ne faut pas d’arbres, de coins de bâtiment, etc.

Les obstructions sur mon antenne

Je vais surtout évoquer les antennes de 2e et 3e génération ainsi que Starlink mini. Il existe d’autres antennes, mais la première génération (ronde) est rare et les versions hautes performances sont hors de portée pour un utilisateur lambda. Elles offrent des débits un peu plus élevées (elles sont physiquement plus grandes) mais dépassent 2 500 €. Dans tous les cas, l’achat de l’antenne est probablement un frein pour les nouveaux abonnés, surtout quand on compare avec les connexion fixes classiques en France. Mais c’est une comparaison biaisée : les opérateurs vous louent les box (dans certains pays, il est possible de les acheter) et vous n’avez donc pas conscience du coût réel d’une Freebox ou même du raccordement à la fibre optique. Et comme dit plus haut, il y a des promotions régulièrement et la possibilité de trouver une antenne d’occasion. Starlink a aussi proposé pendant un temps de louer l’antenne (pour une dizaine d’euros par mois) et propose dans certains pays de ne pas payer l’antenne en échange d’un engagement d’un an. En France, pour le moment, elle est proposé à 100 € au lieu de 350 € avec un engagement d’un an.

Le problème du Wi-Fi

Maintenant, parlons d’un défaut : le Wi-Fi. Le routeur de la seconde génération est très mauvais, avec uniquement du Wi-Fi 5 (11ac) et des performances faibles. C’est réellement un problème : la portée est faible, les performances sont mauvaises et ce n’est pas digne d’une installation moderne. Le routeur de l’antenne actuelle (que je n’ai pas essayée) est Wi-Fi 6 et est visiblement un peu meilleur sur ce point, sans être extraordinaire. Starlink propose une solution sur le papier, avec des routeurs mesh capables de répéter le signal, mais c’est vite assez cher.

Dans la pratique, la solution est simple : installer votre propre routeur Wi-Fi. La bonne nouvelle, c’est que Starlink fait bien les choses : on peut désactiver totalement le routeur dans les réglages. Il suffit ensuite de mettre votre propre routeur en le reliant en Ethernet (ce qui nécessite un accessoire avec la seconde génération). J’ai simplement recyclé une borne AirPort Wi-Fi 5 dans mon bureau, qui offre un résultat très nettement meilleur que le routeur d’origine. On fait mieux actuellement avec du Wi-Fi 6E ou du Wi-Fi 7, mais j’avais juste besoin d’avoir un réseau Wi-Fi secondaire fiable. En cas de panne sur ma connexion principale, j’ai juste un câble Ethernet à brancher à la borne pour que mon installation classique prenne la main.

On voit que le routeur est déconnecté

Dans la pratique, le problème du Wi-Fi touche surtout ceux qui se déplacent : vous n’allez pas vous promener avec l’antenne, son routeur et un second routeur. C’est à peu près suffisant pour une résidence secondaire ou pour des vacances, mais je conseille vraiment de mettre un routeur supplémentaire dans le cas d’une installation résidentielle. La bonne nouvelle, c’est que Starlink fait bien les choses et la désactivation du routeur est simple et efficace.

Les réglages du routeur intégré dans l’antenne Starlink mini

La consommation

C’est un point à prendre en compte : l’antenne consomme beaucoup. Elle est compacte et communique avec des satellites à des centaines de kilomètres, donc ça peut monter assez vite. Une box d’un opérateur consomme entre 10 et 20 W à la grosse louche, une antenne Starlink de 2e génération est plutôt aux alentours de 35 W et monte facilement à 40 ou 50 W si vous uploadez des données ou si vous téléchargez beaucoup. En dehors de la consommation liée aux communications, il y a le chauffage.

La consommation annoncée sur l’antenne de 2e génération

Les antennes ont besoin d’une vue dégagée, et de la neige sur l’antenne, ce n’est pas dégagé. Pour éviter ça, il y a un système de chauffage dans les antennes. Il se déclenche automatiquement, et donc l’antenne va consommer plus dans ce genre de cas. On peut parfaitement désactiver le chauffage, surtout dans des zones où il y a peu de chances d’avoir de la neige. Il y a aussi un mode qui chauffe en continu pour éviter les coupures, pour ceux qui sont dans des endroits plus exposés à la neige.

Les réglages pour la neige

Starlink mini

Les antennes classiques sont transportables mais pas réellement portables : la 2e génération a besoin de son pieds, la troisième peut se mettre au sol, mais les deux demandent une prise de courant et un routeur séparé. Et du point de vue du volume physique, les deux modèles sont assez gros. L’antenne Starlink mini, elle, est plus compacte. Vendue 300 €, elle se range facilement dans un sac à dos, avec un volume du même ordre qu’un ordinateur portable. Le routeur Wi-Fi est intégré, et l’antenne a une prise Ethernet directement, contrairement à la seconde génération.

L’antenne Starlink mini dans mon jardin

L’alimentation de l’antenne Starlink mini passe en standard par un câble blindé et assez long (15 mètres). Il a une prise barrel (cylindrique) de chaque côté et se branche sur une alimentation externe compacte, capable de fournir 60 W (30 V, 2 A). On peut remplacer le bloc pas un autre, et l’antenne est assez souple sur la tension : de 12 à 48 V en DC. La consommation réelle est aux alentours de 20 W, ce qui est un peu mieux que l’antenne classique.

Le chargeur d’origine et son câble amovible

Dans la boîte, on a aussi un support pour fixer l’antenne sur un piquet, ce qui peut servir. Il manque le câble Ethernet et une housse, à mon avis. Pour l’Ethernet, c’est compliqué : il y a une prise standard derrière l’antenne, mais elle a deux défauts. Le premier, c’est qu’il faut un câble assez fin au niveau de la prise, car comme l’emplacement RJ45 est profond, certains câbles n’entrent tout simplement pas. Et deuxièmement, vous n’aurez pas une bonne étanchéité complète avec un câble classique. Starlink propose un câble Ethernet avec un joint pour 60 €, d’une longueur de 15 mètres. Si vous comptez utiliser l’antenne à l’extérieur, c’est un achat éventuel. Pour la housse, une vieille protection de PC portable peut suffire, mais je vous recommande d’en mettre une : si vous déplacez l’antenne, vous risquez tout de même d’endommager la surface. C’est normalement assez solide, mais ce n’est pas génial visuellement.

Il faut un câble Ethernet avec une prise fine et une languette qui dépasse peu

L’antenne n’est pas motorisée, mais l’application permet un alignement assez simple : il suffit de suivre les instructions. L’antenne possède des capteurs, et donc on a une représentation fiable pour l’orientation.

Le réglage de l’orientation demande un smartphone

USB-C et Wi-Fi

Il y a deux points à prendre en compte avec l’antenne Starlink mini. D’abord, le Wi-Fi. L’antenne de seconde génération était médiocre, l’antenne Starlink mini l’est tout autant. C’est du Wi-Fi 5 avec une portée faible et des performances réellement limitées : même en étant à quelques mètres de l’antenne, la connexion peut être plus rapide que la liaison Wi-Fi. Il n’y a pas énormément de solutions, par contre. La première, c’est un routeur externe. Starlink en propose un qui est assez compact, mais il nécessite tout de même une seconde prise de courant et idéalement une liaison Ethernet. Vous pouvez aussi mettre votre propre routeur, avec les mêmes problèmes. Même la solution de passer en Ethernet est peu pratique : si vous vous déplacez avec une antenne Starlink mini, ce n’est probablement pas avec un ordinateur portable doté d’une prise Ethernet.

La consommation réelle de l’antenne Starlink mini est assez faible

Le second problème, c’est l’USB-C. Starlink vend un câble qui a d’un côté une prise barrel (pour l’antenne) et de l’autre une prise USB-C pour un chargeur ou une batterie. Mais dans la pratique, il a plusieurs défauts. Premièrement, il est en option (31 €) et ne mesure que 5 mètres. Deuxièmement, il a besoin d’un chargeur capable de fournir 100 W, même si l’antenne ne consomme que 20 W environ. Plus concrètement, il faut un chargeur capable de fournir le couple 20 V/5 A et tous les chargeurs USB-C ne le font pas. Les chargeurs Apple sont rarement compatibles, et j’ai aussi essayé un modèle Belkin qui est en fait un 96 W… et donc ça ne fonctionne pas. Il faut réellement un modèle qui fournit explicitement 100 W en 20 V/5 A. Pour les essais, j’ai acheté un modèle Ugreen, mais d’autres fonctionnent. Petite astuce, la puissance maximale en 20 V est indiquée sur le chargeur, normalement.

Un chargeur explicitement 100 W. Un Apple 87 ou 96 W ne fonctionnera pas.

L’antenne peut aussi fonctionner sur une batterie USB-C, mais avec les mêmes contraintes : elle doit fournir 100 W explicitement. Sur la Ugreen (encore), c’est un petit problème : la prise USB-C qui fournit 100 W est aussi la prise USB-C qui permet de charger la batterie. Je ne peux donc pas charger la batterie tout en alimentant l’antenne par exemple. L’autre problème, non documenté, c’est que la batterie arrête de fournir 100 W quand la capacité passe sous 10 %. Avec l’antenne Starlink mini, ça coupe donc directement la connexion. Ce n’est pas nécessairement visible avec un PC ou un iPhone : en-dessous de 10 %, elle fournit toujours 15 W en 5 V. Question autonomie, j’ai tenu 3 heures 20 minutes lors du test pour MacGeneration. La batterie est un modèle « 20 000 mAh » de 72 Wh, donc il doit être possible de s’approcher de 5 heures avec une batterie de ~100 Wh. Vous trouverez difficilement plus dans un format portable, car c’est la limite pour les batteries externes dans les avions.

La batterie permet un peu plus de 3 heures d’autonomie

Ce que Starlink ne propose pas

C’est important de s’en rendre compte, surtout si le but est d’utiliser Starlink comme une connexion principale : l’abonnement ne propose qu’une connexion à Internet. Starlink ne propose pas de téléphonie fixe dans ses offres, ni d’accès à la télévision. Dans mon cas, ce n’est pas important : j’ai une connexion fibre qui offre les deux et je ne regarde pas souvent la télévision linéaire. Pour le téléphone, il n’est même pas branché. Si vous avez envie d’une ligne de téléphonie fixe (plus ou moins), il existe des solutions avec des offres VoIP, comme chez OVHcloud. Ce n’est pas très cher (1,2 €/mois) et efficace. Ce n’est pas de la publicité, c’est juste que j’ai une ligne de ce type depuis des années.

Pour la télévision, c’est plus compliqué. La solution de base, c’est tout simplement la TNT. La France a l’avantage d’avoir une belle offre de télévision hertzienne, et vous pouvez donc obtenir une bonne image et de nombreuses chaînes avec une simple antenne sur le toit (il faut juste éviter de la mettre trop près de celle de Starlink). Sinon, les chaînes de télévision ont des offres de replay et la possibilité de regarder le direct depuis une page web, ce qui peut suffire. Entre les deux il y a Molotov (gratuit pour quelques chaînes, 7 €/mois si vous en voulez plus) ou l’offre TV+ de Canal+. C’est probablement la plus intéressante : pour 2 €/mois, vous avez accès aux chaînes de la TNT et à un bouquet avec quelques autres chaînes. Attention quand même avec Molotov : il y a parfois des soucis avec Starlink, on va le voir.

Les soucis liés à Starlink

Starlink n’est pas parfait, ceci dit, et il y a un problème parfois énervant : les adresses IP. Dans les offres destinées au grand public, vous n’aurez pas une IP publique accessible depuis l’extérieur (les offres pour les entreprises le font). Dans un usage normal, ce n’est normalement pas un problème, mais ça peut l’être si vous avez un NAS ou une caméra qui se repose sur une adresse IP et pas un VPN. Je ne vais pas détailler, mais vous avez évidemment une adresse IP (et Starlink garde les données, ce n’est pas anonyme) mais par contre elle n’est pas liée à votre abonnement. Dans une offre classique, quelqu’un qui essaye de contacter votre adresse IP va se retrouver sur votre modem (en simplifiant) et une redirection de ports va permettre (par exemple) de se connecter à un NAS depuis l’extérieur. Avec Starlink, quelqu’un qui contacte votre adresse IP ne tombe pas sur votre antenne (je schématise vraiment). Ça peut complexifier les choses si vous avez l’habitude de jouer avec ça, même si ce n’est probablement une bonne idée d’exposer un NAS ou une caméra.

Le second problème, c’est la localisation de l’adresse IP. En théorie, Starlink vous fournit une adresse IP française. Dans la pratique, ce n’est pas nécessairement le cas, ou – plus exactement -, certains serveurs ne le voient pas. C’est un problème que j’ai eu plutôt au début, mais comme je n’utilise pas la connexion en permanence, je ne le vois pas nécessairement. Il y a des sites qui tentent de vous localiser avec l’adresse IP et dont les bases de données sur les adresses ne sont pas nécessairement à jour, ou se contentent de celles des gros opérateurs. Ce qui arrive, dans ce genre de cas, c’est que l’accès peut vous être refusé avec un message qui indique que vous n’êtes pas en France. C’est assez courant sur les offres liés à la télévision et parfois avec les consoles. Certains sites vous empêchent aussi de faire une partie des démarches, notamment le site de la Poste. De temps en temps, il vous empêchera de préparer un colis parce qu’il pense que vous n’êtes pas en France. C’est un problème assez rare, mais qui existe et qui peut être bloquant.

Le dernier problème n’en est pas réellement un, mais c’est important aussi. Les sites bloqués par la loi ne le sont pas nécessairement avec Starlink. Depuis quelques années, la France essaye de bloquer des sites en demandant aux gros opérateurs de censurer les serveurs DNS pour bloquer les URL. Mais Starlink n’est pas dans la liste des opérateurs et donc ils fonctionnent généralement directement. Sci-Hub, par exemple, est bloqué sur ma connexion fibre mais pas sur ma connexion Starlink. Ce n’est pas vraiment un défaut de ne pas avoir de censure des DNS, mais si vous avez des enfants, ça implique que certains sites pornographiques bloqués en théorie ne le sont pas.

En fibre


Avec Starlink

Mais dans l’ensemble, Starlink ne pose pas de soucis particuliers à l’usage, et les problèmes présentés restent très rares.

Les performances

Est-ce efficace ? Oui, dans une certaine mesure. On peut obtenir entre 100 et 300 Mb/s en réception, selon la position de l’antenne et des satellites. En émission, on est entre 10 et 20 Mb/s, ce qui n’est pas extraordinaire mais suffisant pour un usage standard. Il ne faut pas comparer Starlink à la fibre optique : les satellites ne remplaceront jamais une connexion fixe moderne, mais c’est bien plus performant que l’ADSL. Si vous avez la fibre, vous n’allez probablement pas aller vers Starlink, en réalité, donc la comparaison est caduque. Face à la 4G ou 5G, les connexions cellulaires peuvent offrir mieux, mais c’est biaisé : les zones dans lesquelles la 5G est performante sont fibrées dans la majorité des cas.

Le débit en upload reste tout de même un peu faible si vous aimez le cloud, surtout si vous avez l’habitude de synchroniser des photos ou des vidéos. De même, ce n’est pas très adapté si vous avez des caméras de surveillance ou si vous aimez envoyer de longues vidéos sur YouTube (par exemple). Encore une fois, on est loin des offres à base de fibre optique qui s’approchent de 1 Gb/s, mais un peu au-delà des offres ADSL, souvent limitées à 8 Mb/s (dans le meilleur des cas).

Quelques résultats issus de mon test de MacG

Ce qui peut bloquer, c’est évidemment la latence. Encore une fois, elle est du même ordre que de l’ADSL (et généralement un peu meilleure) mais nettement plus élevée que celle de la fibre. Pour un usage standard, une latence de l’ordre de 30 à 40 ms n’est pas bloquante : vous ne remarquerez pas la latence en surfant ni pendant des appels, contrairement à la latence des offres satellites classiques. Les seuls qui peuvent éventuellement se plaindre sont peut-être les joueurs : si vous aimez les jeux de baston ou les FPS en compétitifs, vous allez probablement trouver ça un peu élevé. Mais encore une fois, les personnes qui prennent Starlink viennent habituellement de l’ADSL, qui a une latence plus élevée ou du même ordre.

La partie compliquée va venir des obstructions. C’est le point évoqué plus haut : il faut une vue totalement dégagée. L’application permet de vérifier la présence d’obstructions, c’est-à-dire les zones où la vue est bloquée. Si vous avez des zones rouges, il y a un problème : à certains moments, la connexion ne fonctionnera pas. En fonction de la taille des obstructions et de vos usages, les coupures seront plus ou moins visibles. Si vous regardez des vidéos sur des services comme Netflix ou YouTube, ce sera probablement invisible : il y a une mémoire tampon qui va cacher les coupures. Sur de la télévision en direct ou sur Twitch, par exemple, c’est plus compliqué : le flux est en direct, donc sans mémoire tampon. Même chose si vous avez l’habitude de faire de la visio ou des appels : la moindre coupure va donc se voir directement. Pour surfer, c’est invisible une partie du temps, sauf si vous cliquez sur un lien quand la connexion est tombée. Par contre, si vous avez l’habitude de vous connecter en SSH à un serveur (par exemple), les coupures peuvent être un problème.

Les obstructions avec l’antenne Starlink mini dans mon jardin

Sur mes deux ans de Starlink, je n’ai pas vraiment eu de problèmes en réalité. D’abord parce que ce n’est pas ma connexion principale, ensuite parce que je ne regarde pas trop la télévision en directe. Même en considérant qu’il y a quelques coupures avec les obstructions sur ma connexion, c’est parfaitement utilisable. Reste que si vous avez l’habitude de faire des appels en visio, je vous conseille vraiment de tenter de régler les problèmes d’obstructions.

Est-ce que ça va remplacer la 5G ?

Ce n’est pas totalement lié à mon test, mais ça reste intéressant : Starlink propose de se connecter aux antennes avec un smartphone standard. Ce n’est pas la même chose que la connexion aux satellites d’Apple, mais une sorte d’extension de la 4G : les satellites de Starlink émettent un signal LTE (4G) dans une bande précise et donc n’importe quel smartphone 4G peut être rendu compatible (ça nécessite tout de même une mise à jour). Sur le papier, ça devrait permettre d’avoir l’équivalent d’une mauvaise connexion 4G (ou d’une bonne connexion 3G) partout dans le monde et certains imaginent même remplacer leur abonnement cellulaire.

La connexion selon T-Mobile

Dans la pratique, il faut une vue dégagée (oui, encore), donc ça ne fonctionne qu’en extérieur. Actuellement, Starlink propose uniquement des messages, et promet d’activer les données et les appels dans le futur. Et surtout, pour le moment, c’est un service lié à un opérateur. Ce n’est pas Starlink qui devient un opérateur mobile, mais un opérateur mobile (T-Mobile aux États-Unis par exemple) qui offre l’accès à Starlink. Enfin, ça ne fonctionne que si le smartphone ne capte aucun autre réseau, donc ça ne remplace pas le réseau classique, c’est juste une solution de backup.

Starlink bouge régulièrement, en bien ou en mal

Un point important, c’est que Starlink est quelque chose d’assez mouvant, qui bouge pas mal. En deux ans, il y a eu deux nouvelles antennes, plusieurs changements de prix sur les offres – l’abonnement en itinérance est passé de 72 à 89 € récemment -, une amélioration des performances et même des nouveautés pratiques comme un serveur NTP local.

Après deux ans, je suis assez content de l’offre. Pour 40 € par mois, j’ai une connexion de secours fiable et performante, qui ne pas pas posé de soucis particuliers. Vous allez probablement trouver ça cher, mais j’ai besoin d’une connexion efficace pour mon travail, et c’est le meilleur compromis, tant en 2023 qu’en 2025. Ça va peut-être changer dans le futur, je ne suis pas à l’abri d’une modification des tarifs et je sais que pour certains, Elon Musk est un problème. Mais Starlink, en l’état, est une solution complète, efficace et techniquement intéressante, malgré quelques défauts. Je ne pense pas que Starlink va remplacer la fibre ou les connexions cellulaires (c’est techniquement ridicule) mais pour ceux qui en ont l’utilité, c’est un choix parfaitement valable et qui amène bien moins de compromis que les autres solutions actuelles.