Petit test du DTK, le premier Mac ARM de 2020

En juin, quand Apple a annoncé le passage sur ses propres processeurs, la société a aussi proposé une machine un peu particulière aux développeurs : le Mac mini DTK, alias Developer Transition Kit. Petit test.

Le DTK, c’est quoi ? Une machine de test, dans la même veine que le Power Mac G5 équipé d’un Pentium 4, sorti en 2005. Mais si le DTK 2020 reste un bricolage, comme en 2005, la machine reste tout de même bien plus aboutie.

Petit résumé (vous trouverez pas mal d’infos dans le Canard PC Hardware 46, d’ailleurs). Extérieurement, c’est un Mac mini gris sidéral, avec la même connectique (à première vue) que le Mac mini M1 : deux USB « A », deux USB-C, du HDMI, de l’Ethernet et une prise jack combo. Le nom de code est ADP3,2, ce qui implique un ADP3,1 (je suppose). Pour mémoire, le DTK 2005 était l’ADP2,1, et il existe au moins deux ADP1,1. Le DTK 2005 faisait très bricolage en interne mais aussi en externe, avec des prises bouchées. Le DTK 2020 est bien plus propre, la seule concession à son héritage d’iPad Pro est l’absence de Thunderbolt.

En interne, on trouve un SoC A12Z, doté de huit coeurs (comme le M1) et un GPU maison. Le CPU contient quatre coeurs basse consommation (Tempest) à 1,5 GHz et quatre coeurs rapides (Vortex) à 2,5 GHz. Le tout est accompagné de mémoire LPDDR4X, visiblement de la -3733. Les performances sont déjà assez bonnes, même si les coeurs Tempest sont comparativement plus lents que les Icestorm du M1. Les fréquences sont plus basses qu’avec le M1, comme la consommation : on est vers 0,6 W pour les coeurs Tempest (ce qui est très bas) et seulement 7,2 W pour les coeurs Vortex. Le SoC lui-même a donc un TDP assez bas : il consomme à peu près deux fois moins que le M1. Avec Rosetta, les coeurs Tempest ne sont pas utilisés et les coeurs Vortex tournent un peu moins vite (vers 2,4 GHz).

On voit bien les différences

Avant de continuer, il faut souligner un truc : Apple a fourni la version finale de macOS Big Sur pour le DTK 2020. On peut techniquement l’utiliser comme un Mac classique, mais avec quelques limites. C’est assez différent du DTK 2005, qui n’avait officiellement reçu que des bêta de Mac OS X Tiger, et aucune version finale (10.4.3 au maximum).

A l’usage, le DTK 2020 fonctionne donc comme un Mac classique, du moins si vous avez des applications natives – de plus en plus nombreuses -. En effet, avec Rosetta 2, c’est une autre paire de manches. En fait, pas mal de logiciels Intel ne se lancent tout simplement pas sur l’A12Z, pour des raisons purement techniques : les SoC ARM Apple travaillent par défaut avec des pages de 16 ko (la subdivision de la mémoire, en gros) et les CPU Intel avec des pages de 4 ko. Rosetta 2 peut dans certains cas effectuer la transition (avec une perte de performances) mais dans d’autres, ça plante littéralement. Sur le M1, le problème est réglé par une prise en charge matérielle. L’autre point qui bloque vient de la virtualisation : le SoC ne la prend pas en charge. Les bêta de Parallels ou Docker ne fonctionnent tout simplement pas sur le DTK 2020.

Vous verrez ça parfois


Les applications iOS

iMazing et un appareil iOS. Il faut simplement télécharger l’application depuis un appareil iOS et utiliser le logiciel pour transférer l’IPA du périphérique au Mac. J’ai tenté avec 3DMark depuis un iPad Pro. Vous pouvez aussi trouver des IPA sur le Web, et les (re)signer, mais c’est un peu plus compliqué et moins… légal (mais possible). Je publierais un tuto un jour pour le faire sur un Mac M1, aussi. Au passage, il s’identifie – comme un Mac M1 – comme un iPad8,6, soit un iPad Pro de la génération précédente.

Sur DTK


Sur Mac M1


iMazing permet d’extraire l’IPA


Sur le Mac M1


Sur le DTK 2020

Des interfaces lentes… comme le Mac mini M1

Pour la partie interne, on est un peu dans la même veine que le Mac mini M1. L’Ethernet (interfacé en PCI-Express en interne) fonctionne bien, et le Wi-Fi (11ac, 5) est correct, sans plus. C’est du 2×2 comme sur tous les Mac mini. Les ports USB sont lents par rapport à des puces Intel : vers 350 Mo/s en USB 3.0, vers 800 Mo/s en USB 3.2 Gen. 2. C’est nettement sous les plateformes Intel, au même niveau que le M1. Il n’a pas de Thunderbolt, donc je n’ai évidemment pas pu tester ce point. Le SSD interne (512 Go) est nettement plus lent que sur le M1 : environ 1,2 Go/s. On peut noter énormément de capteurs et des températures plutôt faibles, avec un ventilateur qui n’accélère jamais.


Le SSD, moyen


Un gros tas de capteurs

Question 3D, c’est un peu compliqué. En fait, mes jeux de tests ne se lancent majoritairement pas sur le DTK 2020, mais le GPU (qui utilise la même architecture) est nettement moins rapide que le M1. Le fait est que pour le moment, les jeux utilisent encore majoritairement Rosetta 2, ce qui réduit un peu les possibilités. Disons qu’un Total War Warhammer (I) fonctionne pas trop mal.

30 fps en 1080p

Quel avenir pour le DTK 2020 ?

La question de son avenir est intéressante. Officiellement, Apple le prêtait pour un an, pour 500 $. Pour le moment, la société n’a rien indiqué sur son futur, mais le DTK 2005 (à l’époque) avait été remplacé par un iMac. Deux choix semblent possibles : un remplacement par un Mac mini M1 gratuitement ou un bon d’achat de 500 $. Le premier point semble moins probable : un Mac mini avec 512 Go de stockage et 16 Go de RAM vaut 1 100 $. De même, si pour le moment le DTK 2020 reçoit les mises à jour de macOS, rien ne dit que ça va continuer. Et même si Apple décidait de le laisser aux développeurs, il a un peu trop de limites pour rester vraiment intéressant, comme expliqué plus haut. Il est d’ailleurs possibles qu’Apple en profite pour désactiver les machines à terme, la restauration est un peu particulière sur ce modèle.