Le capteur Nike+iPod, lancé en 2006, semble être un des rares véritables cas d’obsolescence programmées. Car oui, ça existe. Petite démonstration en mode journalisme total.
Depuis très longtemps, un truc m’énerve : les références continuelles à l’obsolescence programmée (bon, il y a aussi les gens qui disent la Game Boy). Beaucoup de gens semblent persuadés que les constructeurs font des appareils qui tombent en panne un peu après la fin de la garantie, alors que la principale raison des pannes vient de l’utilisation de composants bas de gamme. Par définition, l’obsolescence programmée implique une programmation, une action délibéré. Or quand votre téléviseur tombe en panne, ce n’est pas délibéré même si certains choix techniques et financiers (surtout) impliquent une durée de vie assez faible. De même, un iPhone qui n’accepte plus une application récente (par exemple) n’est pas un exemple d’obsolescence programmée, mais de l’obsolescence technologique. Cette dernière reste d’ailleurs fortement liée à la mode. Sur ce blog, j’utilise régulièrement des machines obsolètes qui fonctionnent et peuvent tout de même fournir globalement les mêmes services qu’il y quelques années, mais nos attentes évoluent, elles. Ne criez pas à l’obsolescence programmée sans raison, donc.
Pourtant, il existe de rares exemples d’obsolescence programmée. Pour moi, de l’obsolescence programmée implique une panne délibérée qui empêche le fonctionnement de l’appareil pour forcer au renouvellement. Le cas du capteur Nike+iPod est du coup parfaitement représentatif du problème. Pour résumer la suite, le capteur utilise une pile interne qui n’est pas remplaçable et le logiciel de l’iPhone considère a priori que le capteur ne fonctionne plus au-delà de 1 000 heure de fonctionnement, même s’il fonctionne encore parfaitement.
Le capteur Nike+iPod
Lancé en 2006 avec Nike, ce capteur se place dans des chaussures – idéalement Nike, des modèles avec un emplacement dédié existent – et sert à mesurer le nombre de pas parcourus. A l’origine, le capteur nécessitait un récepteur à placer dans le connecteur dock d’un iPod nano, mais Apple a proposé une compatibilité directe dans les iPod touch de seconde génération et dans les iPhone 3GS (à partir d’iOS 2, donc). La page d’Apple ne l’indique pas mais Nike le fait : le capteur ne fonctionne pas sur les iPhone 6 sous iOS 8 ni sur les appareils sous iOS 9 (et plus). Techniquement, en interne, il contient une pile 3 V classique (CR2032) et une puce qui effectue la transmission des données dans la bande des 2,4 GHz, celle du Bluetooth et du Wi-Fi.
L’obsolescence du capteur
Le capteur contient donc une pile, et Apple n’indique pas la durée de vie de celle-ci. La société indique juste qu’il faut racheter un capteur quand elle est vide, étant donné qu’elle n’est pas remplaçable officiellement. Nike indique que la durée de vie peut atteindre 1 000 heures, une valeur qui n’a pas été choisie au hasard.
Ce qui va suivre est empirique, basé sur des tests et sur les travaux de Dmitry Grinberg. Je n’ai malheureusement pas les compétences pour vérifier directement dans le code de l’application iPhone comme l’a fait Dmitry. Si quelqu’un est capable de comprendre du code ARM désassemblé, ça m’intéresse. Certains m’ont proposé sur les réseaux sociaux de porter plainte contre Apple, mais ça me semble impossible : je n’ai que des preuves indirectes sur un seul capteur.
Concrètement, selon Dmitry, l’application iOS considère que la batterie est vide après 1 000 heures de fonctionnement. De ce que j’ai pu vérifier, c’est le cas avec un iPod Touch de 4e génération et un iPhone 3GS. Avec un iPod nano de seconde génération, l’application affiche un message qui indique « Batterie faible » mais le capteur continue à fonctionner. Pourquoi 1 000 heures ? Je suppose que la moyenne d’utilisation sur la pile interne est à peu près de cette durée, une valeur assez élevée dans la pratique : ça représente 1 heure de course par jour pendant environ 3 ans. A noter que j’ai aussi trouvé quelques exemples de personnes dont l’iPod indique que la batterie est bientôt vide bien avant la limite, ainsi que pas mal d’exemples ou le message en question apparaît quand la batterie a été changée manuellement.
Comment le vérifier ? J’utilise un adaptateur USB vers dock qui se base sur le lien série présent dans le connecteur. Concrètement, il s’agit d’un adaptateur USB vers série qui permet de lire les données envoyées par le capteur avec le récepteur officiel pour iPod nano. Ensuite, un programme en python permet de lire les données en temps réel et un autre logiciel en C permet de transformer les informations en données lisibles. Le capteur envoie son nombre d’heures en fonctionnement, le nombre de pas en marchant, le nombre de pas en courant et les distances en miles dans les deux cas.
Ensuite, j’ai fait un test simple et très long : atteindre 1 000 heures de fonctionnement. Je me suis promené pendant presque deux ans avec le capteur sur une paire de chaussures. Comme je ne suis pas toujours en chaussures chez moi et que je ne bouge pas énormément dans mon métier, il a fallu longtemps pour atteindre la limite.
Ce que ça donne Avant d’atteindre 1 000 heures, l’iPod touch et l’iPhone détectaient le capteur en quelques secondes et l’iPod nano l’acceptait sans soucis (même à 998 heures). Après 1 000 heures (1 003 au moment où j’écris ces lignes) mon adaptateur lit encore parfaitement les données du capteur, mais ni l’iPhone ni l’iPod ne le détectent. L’iPod nano, lui, indique que la batterie est vide. J’ai testé avec un second capteur, neuf, et il est parfaitement détecté en quelques secondes.
Au conditionnel
Je ne suis pas ingénieur, je n’ai pas accès au code source de l’application iOS et pas les compétences pour désassembler (plus exactement, pour comprendre le résultat). Je me suis fié à ce qu’indique Dmitry Grinberg et j’ai effectué des tests. Test qui semblent confirmer que le capteur est désactivé par Apple de façon délibérée à un moment précis, 1 000 heures dans le cas présent. Etant donné que la batterie du capteur ne peut pas être remplacée, le capteur devient obsolète après 1 000 heures. Dans la pratique, ça ressemble furieusement à de l’obsolescence programmée, donc.
Enfin, si quelqu’un a une explication plus concrète sur cette limite, ou une explication de sa présence, ça m’intéresse.
L’explication pourrait venir d’une question de voltage : la pile après 1000 heures d’utilisation la pile ne délivre plus les 3 volts et quelque d’une CR2032 neuve. Le capteur n’ayant probablement pas de rehausseur te tension, les puces doivent travailler avec ce que délivre la pile. Au niveau de celles-ci, un voltage réduit peut impliquer des erreurs dans les calculs, la corruption des données et/ou des problèmes de transmission. Le choix d’une limite en dur du côté du périphérique récepteur est certainement la solution la plus simple trouvée par Apple pour « gérer » ces problèmes. En terme de conception, il est beaucoup plus facile de couper la réception après un seuil en dur, que d’avoir un système de diagnostic de la pile pour valider le bon fonctionnement du capteur. Surtout que le gain potentiel sur la durée de vie du capteur pour l’utilisateur final n’est probablement que de 10 à 20%.
Petit retour sur l’obsolescence programmée qui se généralise bien ces dernière années dans l’électronique grand public. Elle est de plus en plus souvent liée aux batteries au lithium intégrées et non échangeables. Ces batteries ont au mieux une durée de vie de 1000 cycles et de 3 à 5 ans (au mieux car cette durée peut tomber à quelques centaines de cycles ou quelques mois en cas de d’écharges profondes répétées, d’exposition à des températures élevées ou de stockage à pleine charge sur de longues périodes). La plupart des fabricants —contrairement à Apple— ne proposent pas de programme de remplacement de ces batteries. On fait bien ici face à un choix technique délibéré —rendre les batteries non échangeables— qui limite la durée de vie d’un appareil. Par exemple, les enceintes bluetooth vendues aujourd’hui n’attendrons jamais la durée de vie des enceintes filaires traditionnelles qui se compte en dizaines d’années.
Nooooon, la Gameboy !
Le masculin voulu par tant viens du mot boy, donc un garcon, mais on n’achete pas un garcon, masi une console. La gameboy, sous entend toujours la console gameboy, le mot console étant éludé, comme pour la gamegear, la dreamcast, la super nintendo.
On peut meme élargir le domaine, on dit une golf non ? Pourtant golf tout seul est masculin, la golf sous entend la voiture golf, la xsara, la BX, la 205, la classe E, la panamera, la 911 Turbo (mais bizarrement LE cayenne…) .
Sinon chet Apple, y avait aussi le fameux condensateur des premieres bornes airport ovni, à durée de vie ultra limitée… .
Petite parenthèse : le mot Hors dans « Hors quand votre téléviseur tombe en panne […] » devrait s’écrire Or.
Je ne suis que partiellement d’accord avec l’article sur la notion d’obsolescence programmée. En soi, je comprend que prendre des composants bas de gamme soit plus un facteur économique qu’une réelle volonté de diminuer la durée de vie de l’appareil. Cependant, ces mesures ont modifié la durée de vie des machines avec le temps : j’ai beaucoup d’amis qui ont de très vieux ordinateurs, type Commodore 64, Atari ST, ou autres, qui sont encore dans un parfait état de marche aujourd’hui (ce n’est pas le cas de leurs disquettes, mais bon), l’obsolescence de ces machines n’a été que technologique, vu que les gens les ont surtout remplacées quand elles n’étaient plus en phase avec le domaine de l’informatique qui les as suivi. A contrario, je vois beaucoup de machines plus récentes, comme les PowerMac G3 ou G4, commencer à vraiment fatiguer. J’ai plusieurs de ces machines, j’en ai perdu une majeure partie depuis l’année dernière, souvent via des composant qui lâchent sur la carte-mère ou l’alimentation. En soit, je présume qu’il y a plein de critères pour déterminer que la comparaison entre un C64 et un PowerMac G4 ne tient pas la route : ces machines n’ont rien à voir d’un point de vue électronique. L’une est simple, l’autre très complexe, l’une a été faite et peut se réparer à la main, l’autre a vu ses composants soudés par une machine, tellement ils sont trop petits, et quand la panne est électronique, c’est bien plus difficile à réparer. Par ailleurs, sur un C64, il n’y a guère qu’une carte-mère qui peut fatiguer, et l’alimentation, sur un G4, il y a tellement plus de choses qui peuvent tomber en panne : la mémoire, le CPU, la carte-mère, les disque durs…Bref, il est effectivement logique de penser qu’un G4 ait une durée de vie moins longue qu’un C64…Plus un appareil est sophistiqué, plus il est dur de le maintenir en état.
Cependant, si on prend un angle beaucoup plus général… Les deux machines restent des ordinateurs personnels, les deux représentent d’ailleurs assez bien l’informatique de l’époque où elles sont respectivement sorties. Et on peut donc dire que les ordinateurs ont perdu en durée de vie avec le temps. Ce n’est pas forcément délibéré de la part des constructeurs, mais c’est à mon avis tout de même un avantage pour eux, en soit, ce n’est peut-être effectivement pas de l’obsolescence programmée, mais ce phénomène m’y semble quelque peu relié, dans le sens où s’il n’est pas volontaire, il reste je pense arrangeant côté entreprise.
Sur les vieux ordinateurs, je ne suis pas du tout d’accord. J’en voit pas mal passer, et j’ai dû en utiliser des tas pour un gros magazine : ça tombe largement plus en panne que maintenant (anecdote : on a dû acheter trois C64 pour en avoir un sans soucis matériels)
C’est assez simple, en fait : dans tous les ordinateurs des années 80, t’as intérêt à changer les condensateurs. Même si la machine démarre, on a parfois un comportement erratique lié à ça. Après, sur les vieilles machines, y a un énorme biais de confirmation sur ce sujet : tu vois que des machines qui marchent, pas les cartons passés à la benne parce que les condensateurs sont morts. Et tu vois en vente que les séries fiables, alors que certaines ont un taux de panne énorme (par exemple, à l’époque, plus de 30 % sur les ZX81) mais forcément, on voit que ceux qui marchent encore. Même sur les cartes mères, on va vers des trucs plus fiables avec le temps : les composants actuels soudés (mémoire, puces diverses) évitent bien plus les pannes que les composants sur socket des années 80. On a (beaucoup) moins de soucis sur la mémoire avec les trucs modernes.
C’est un cas classique en électroménager aussi : « regarder, cette personne âgée a le même frigo depuis 50 ans et il marche encore ». En dehors du fait qu’il consomme 10x plus qu’un actuel et fait du bruit, on omet sciemment les milliers d’autres tombés en panne. Et le fait qu’on change quand même pas mal d’appareils qui fonctionnent encore alors que ce n’était pas le cas y a 30 ou 40 ans.
Après, le problème est absolument pas volontaire : même dans les meilleures conditions, un condensateur a une durée de vie limitée. Et ça, on peut rien y faire. Un design bien pensé peut limiter la casse (éviter la chaleur dessus) mais même comme ça, au-delà de 25/30 ans, faut penser à les changer. Et dans 99 %, ça repart sans soucis.
« bon, il y a aussi les gens qui disent la Game Boy »
Votre lien en donne un autre concernant une lettre réponse de nintendo situé https://twitter.com/ggete/status/710878612673728513 indiquant que si on dit un game boy, dire une game boy n’est pas considéré comme une erreur par nintendo .
extrait: « mais ce n’est pas faux de dire la game boy. Qui veux dire » la console game boy ».
Sinon, pour l’obsolescence programmée qui n’en est pratiquement jamais, ne serait-ce pas qu’il s’agit juste de produire pour le coût minimum,des trucs qui tiendront la durée de garantie .
Pire que LA ou LE Game Boy … LA wifi !!!! Je meurs dès que j’entends ça …
Sinon, en tant que professionnel du SAV Apple et fan de ce blog, je partage à 100% le point de vue de l’auteur sur l’obsolescence programmée.
On confond obsolescence technologie et composants à pas cher. On confond aussi cartes en CMS et composants classiques.
Je rajouterai même une chose: l’irréparabilité des matériels est souvent fausse. Tout ou presque peut se réparer. Le problème principal est le coût des pièces ou du travail, ce qui rends (vu le coût du neuf et avec la progression technologique) toute réparation non viable économiquement.
Je suis un peu hors sujet mais je voudrais faire part d’une expérience récente.
Mon iphone 6 ayant pris la pluie.. oui je sais, j’ai entrepris via un adaptateur de sim de réutiliser temporairement mon iphone 4 .
Après l’avoir redémarré, celui-ci m’indique qu’aucune sim n’est insérée…
J’ai donc décidé de récupérer le vieux iphone 4s de ma femme, idem aucune sim insérée?
J’ai cru que ma sim avait pris l’eau et l’ai testée avec un iphone 6s, 7, et un vieux smartphone orange sous android .. tout fonctionne
Je suis passé chez Orange pour savoir si il y avait un problème de rétrocompatibilité aves les sims actuelles … pas à leur connaissance..ils ont fait un test avec un autre adaptateur de sim et m’ont répondu que mes vieux iphones 4 et 4s étaient cassés.. ..?
Si c’est une nano sim, ça peut arriver : elle sont plus fines que les autres et donc si l’adaptateur est mal fait, il n’y a pas de contact en interne. Faut essayer de mettre un bout de papier derrière la carte dans l’adaptateur par exemple