La charge mentale de HomeKit et Santé

J’aime bien les objets connectés, et j’en ai beaucoup (trop). Et un truc commence à m’énerver : la charge mentale nécessaire nécessaire à la maintenance. Parce que si c’est génial quand tout fonctionne, c’est vite horripilant quand il y a un problème. Et la centralisation avec HomeKit et Santé (chez Apple) a tendance à amener quelques surprises.

Commençons par HomeKit. Sur le papier, c’est efficace et je ne suis pas énervé comme dans cet article de MacG (même si parfois, je m’en approche). Globalement, une fois en place, ça fonctionne. Les automatisations marchent, Siri répond correctement dans la majorité des cas, et mes problèmes ne sont généralement pas liés à HomeKit, plus aux appareils. Le seul problème vraiment énervant que j’ai depuis quelques semaines est lié à Thread : une partie des objets est annoncée comme inaccessibles depuis l’iPad ou le Mac… mais fonctionne sur l’iPhone. Et le souci est assez particulier : le Mac et l’iPad indique que les concentrateurs sont tous en veille (Apple TV, HomePod(s), HomesPod(s) mini) alors que l’iPhone, lui, considère que tout va bien. Mais même l’application Eve (qui peut indiquer la structure du réseau Thread) voit bien un problème. Je n’ai pas encore trouvé de solutions simples : je peux tout redémarrer, attendre, redémarrer un des concentrateurs pour essayer qu’il réagisse, etc.

Le second souci est plus lié au réseau : en cas de coupure de courant (et dans ma campagne, ça arrive), certains appareils ne récupèrent pas directement le réseau, essentiellement parce que les bornes Wi-Fi redémarrent moins vite que les objets (qui sont parfois sur batteries). Je n’ai pas trouvé de solutions pour ça, à part attendre et redémarrer les appareils qui rechignent.

Mais la charge mentale du titre, elle est surtout liée aux batteries et aux bugs. Certains interrupteurs demandent des batteries CR2450, d’autres des CR2032, les vannes des piles AA, les capteurs des CR123A, d’autres des LS14250, etc. Globalement, je change des batteries à peu près toutes les semaines (en prenant en compte les appareils liés à Santé) et je dois avoir un stock d’avance parce que les indicateurs sont pour le moins… imprécis. Certains restent des semaines à 10 %, d’autres passent de « 30 % » à « Je m’arrête en faisant un bruit horrible » en quelques minutes. Et quand le bruit strident vient d’un capteur de monoxyde de carbone, ça n’aide pas. Puis il y a les bugs, parfois liés aux batteries : les caméras qui se bloquent, par exemple : elles sont réglées pour boucler les données sur la carte SD et de temps en temps, quand la carte est remplie, ça bloque au moment d’effacer les anciens enregistrements. Une des autres caméras se déconnecte de temps en temps, sans raisons visibles. Un des interrupteurs Philips a décidé récemment de vider les batteries à la vitesse grand V (c’est-à-dire une batterie CR2032 en quelques jours). La caméra extérieure, alimentée par un panneau solaire, décide de temps en temps de ne pas se recharger : il faut donc attendre le mail qui indique « Attention, la batterie est bientôt vide ». Qui arrive évidemment à un niveau trop bas pour que le panneau s’active (globalement, il est là pour garder une bonne charge en partant de 100 %).

La charge mentale, donc, c’est penser à aller vérifier régulièrement que tout est indiqué comme connecté (et accessible dans l’interface). Et de vérifier ensuite dans les applications tierces s’il y a réellement un problème quand HomeKit l’indique. Ca peut paraître idiot, parce que 95 % du temps… ça fonctionne. Mais les 5 % restants sont parfois (très) chronophages. Et un changement de batterie, ce n’est pas uniquement « Je change la batterie ». Dans certains cas, c’est aussi « Je prie pour que l’appareil se reconnecte » (ce n’est pas systématique), suivi d’une mesure de la tension. Parce que tous les appareils ne sont pas égaux devant les batteries. Certains demandent une tension assez élevée, et n’apprécient par exemple pas les batteries rechargeables (dont la tension est plus faible en AA ou AAA). Mais d’autres acceptent de fonctionner avec des valeurs très basses, donc les piles qui sont inutilisables ou amènent des alertes quand la tension est aux alentours de 1,2 V peuvent parfaitement encore servir dans d’autres… mais il faut le noter, trier les batteries, vérifier si ça marche.

Enfin, il faut gérer les mises à jour de firmware, dans HomeKit, dans les applications des fabricants, dans HomeBridge. Espérer que ça fonctionne, relancer quand ça bloque (souvent), trouver pourquoi HomeBridge ne veut pas mettre à jour (souvent), etc.

Le cas Santé

Dans un sens, c’est encore pire avec l’application Santé, parce que contrairement à HomeKit, il n’y a pas de centralisation directe. Si vous utilisez HomeKit, c’est l’application qui va communiquer avec les objets connectés, récupérer les données, etc. Les applications des fabricants, elles, ne servent que pour des options inaccessibles dans HomeKit ou pour des mises à jour, par exemple. Avec Santé, c’est différent : l’application elle-même communique peu, mais sert à centraliser les résultats. Si vous avez une gourde connectée, cette dernière va communiquer avec son application, qui va communiquer avec Santé. C’est la même chose pour une bonne partie des données : elles passent de l’objet à une application, puis à Santé (les exceptions sont les produits Apple et quelques capteurs très standardisés, comme ceux qui mesurent le rythme cardiaque). Ce qui amène plus de problèmes qu’avec HomeKit : il faut aller régulièrement dans Santé pour vérifier si les données attendues sont là, et si ce n’est pas le cas aller dans l’application pour vérifier la liaison à Santé, mais aussi celle à l’objet. Et enfin, il faut aller vérifier pourquoi il ne communique pas : problèmes de Wi-Fi, de Bluetooth, de piles, etc. Comme avec HomeKit, on se retrouve vite avec des tas de batteries différentes, des appareils à recharger, d’autres qui ont besoin de piles, etc. Récemment, j’ai par exemple eu un thermomètre qui prenait bien les mesures, mais ne communiquait pas. Et à l’intérieur, une des piles AAA avait coulé : il a donc fallu nettoyer, tester, et – dans ce cas précis – refaire une partie de la configuration. L’autre problème vient des mises à jour d’applications, avec certaines marques qui abandonnent les produits, d’autres qui changent les fonctions, etc. Une grosse mise à jour peut silencieusement couper la synchronisation, par exemple. Un autre exemple est celui de Colgate : une mise à jour majeure de l’application m’a empêché d’utiliser deux brosses à dents en même temps. Ca peut paraître idiot, mais l’électrique reste à la maison, la seconde (manuelle mais connectée) pour les autres cas. Et donc au départ les deux fonctionnaient de concert et un jour, la marque a décidé que ce n’était plus possible. La charge mentale est plus légère dans le sens ou les appareils sont assez indépendants, mais parfois plus lourde : il faut vérifier de façon régulière que les batteries ne coulent pas, que les appareils communiquent, etc. Je change moins souvent les batteries qu’avec HomeKit, mais je passe plus de temps à essayer de comprendre pourquoi les données n’arrivent pas.

En plus de ces derniers, il y a quelques appareils « connectés » (ou autonomes, en tout cas) qui ne sont pas parfaits, comme l’aspirateur robot ou la tondeuse. Et encore une fois, même s’ils font le boulot de façon correcte 95 % du temps… il y a les 5 %. Quand l’aspirateur se bloque, quand la tondeuse se bloque ou qu’elle rentre mal (et ne se charge pas), etc.

Un problème de geek

Après, je me rends bien compte que c’est un problème de geek, et que je pourrais totalement me passer de la charge mentale en question : elle n’existe que parce je le veux bien. Je pourrais utiliser d’autres systèmes pour centraliser les données (astuce : je n’en ai pas envie), je pourrais arrêter de mesurer tout et n’importe quoi, mettre en place des systèmes plus archaïques mais dans un sens plus efficaces (en tout cas plus fiable dans le temps). Ce n’est pas vital et ce n’est généralement pas très grave si un appareil ne fonctionne plus pendant quelques jours (ou plus du tout) parce que je n’ai plus la batterie exacte. Malgré tout, c’est quand même plus agréable quand ça fonctionne. Parce que le point principal, c’est que quand tout fonctionne, c’est vraiment pratique. Que l’interrupteur placé sur la table du salon allume les lampes dans différentes couleurs, ce n’est pas vital, mais c’est agréable. Voir que j’ai bu cinq cafés tel jour, ce n’est pas vital, mais l’information peut servir (et peut être corrélée au temps de sommeil, ou à sa qualité). Me rendre compte que faire (un peu) de sport a un impact direct sur mes performances avec le temps, c’est agréable. Je vois cette charge mentale comme une sorte d’effet secondaire des avantages des objets connectés, mais un effet secondaire qui pourrait largement être réduit.

Parce que réellement, essayer d’utiliser les mêmes batteries partout, avec des mesures à peu près fiables sur l’autonomie, ça ne semble pas être une demande extraordinaire. Comme j’attends qu’un appareil prenne en charge des accents dans un SSID, qu’il puisse réessayer de se connecter à un réseau après quelques minutes, qu’une panne de batterie ne m’oblige pas à réinitialiser tout. J’attends aussi qu’un fabricant ne décide pas à ma place qu’un appareil qui communique en local est obsolète. Une bonne partie des choses que je dois gérer, en réalité, pourraient disparaître avec des appareils bien conçus, et un HomeKit qui centralise un peu mieux les données. Mais ça semble être un doux rêve.