Test du BlueSCSI v2 : un Raspberry Pi Pico pour remplacer le HDD SCSI d’un vieux Mac

Au fil des années, les solutions pour remplacer les disques durs SCSI se multiplient. J’avais testé le SCSI2SD il y a de nombreuses années et le BlueSCSI plus récemment. Une version 2 de ce dernier vient de débarquer, avec des performances en hausse grâce à un Raspberry Pi Pico.

Le BlueSCSI 2, donc, est une carte open source qui utilise un Raspberry Pi Pico comme cerveau. Ca règle un des soucis de la première version : les performances. La v1 est en effet plutôt lente (largement sous 1 Mo/s) et c’est parfois un problème. Dans pas mal de Mac, le disque dur d’origine est en effet nettement plus rapide que le BlueSCSI, qui a surtout l’avantage du silence et du côté pratique des cartes SD.

La carte en v2

Avec la v2, les créateurs annoncent jusqu’à 10 Mo/s si le Mac le supporte. Ce point n’est vraiment systématique : les Mac 68K ont un bus limité à 5 Mo/s (et un débit pratique inférieur). Pour les PowerPC, les modèles des gammes 7300/7500/7600, 8100/8200/8500/8600 et 9500/9600 ont un bus capable d’atteindre 10 Mo/s en interne, mais l’externe reste à 5 Mo/s. Sur les autres (comme mon Power Mac G3), le bus reste limité à 5 Mo/s.

J’ai acheté mon BlueSCSI 2 sur ce site anglais dans une version à monter en partie (j’ai dû souder les connecteurs), pour 56 € et 10 € de TVA à l’arrivée. J’avais déjà un Raspberry Pi Pico H (ça vaut 6,6 €), donc le total est quand même assez élevé, vers 75 € en pratique. Il faut aussi une carte SD assez rapide, comme cette Sandisk de 32 Go. J’ai testé au départ avec une carte microSD de 8 Go, mais il vaut mieux une carte classique : c’est plus simple et plus rapide si vous prenez une carte correcte.

La carte en v2

Question soudure, rien de compliqué : les puces sont déjà en place, et les connecteurs sont sur des broches assez espacées. Je ne suis pas très bon avec un fer mais j’ai réussi du premier coup. La première étape va être d’installer le firmware, et c’est simple, Raspberry Pi Pico oblige : il suffit de le connecter en USB à un Mac et de copier le firmware sur la carte (vue comme un lecteur) qui va ensuite redémarrer.

Rien de bien compliqué à souder

Pour les images disque, le fonctionnement est le même que pour le BlueSCSI : il faut copier une image sur la carte SD avec la bon nom de fichier. Pour un disque dur, c’est simple (oui, j’utilise pas mal ce mot) : HDx0-blabla.hda. HD pour le disque dur, le x pour l’ID SCSI (de 0 à 6, le 7 est réservé sur les Mac), le 0 pour le LUN (aucune raison de le changer) et un nom pour le reconnaître. On peut mettre jusqu’à six images avec des ID différents.

Pour le premier test, j’ai commencé sur mon Macintosh LC III. Le SCSI2SD atteint 1 100/915 ko/s (lecture/écriture) dans MacBench, quand le BlueSCSI (v1) se limite à 635/355 ko/s dans les mêmes conditions. Le BlueSCSI 2 est quand même nettement plus rapide, avec 1 669/2 013 ko/s. Sur ce Mac, la limite n’est vraiment pas le BlueSCSI mais le système lui-même.

J’ai trafiqué la capture : le BlueSCSI v2 en rouge, le BlueSCSI v1 en jaune, le SCSI2SD en violet. La base est un HDD SCSI dans un Power Mac 6100.

Faut de Power Mac vraiment rapide en natif sous la main, j’ai testé la carte sur un Power Mac G4 avec une carte SCSI dédiée en PCI et la carte Sandisk de 32 Go. J’ai d’abord utilisé une carte Adaptec AHA-2930CU, mais si elle fonctionne avec le BlueSCSI v2, ce n’est pas le cas avec le BlueSCSI v1 (la carte n’est plus reconnue par Mac OS X). Avec une AVA-2906, un peu plus basique, ça fonctionne même si j’ai eu un kernel panic à la fin d’un test.

La carte SD de 32 Go est environ 20 % plus rapide au global, mais c’est presque 3x plus rapide sur certains essais, dès qu’il y a des accès aléatoires. Pour le reste, le BlueSCSI v1 permet ~1,25 Mo/s dans le meilleur des cas sur la carte SCSI, alors que le v2 monte à presque 8,5 Mo/s en pointe. Les deux cartes SCSI offrent à peu près les mêmes performances, d’ailleurs. Ce n’est pas forcément un cas réaliste, mais faute de Power Mac compatibles sous la main, ça fait l’affaire. En effet, une carte SATA ou même le bus IDE est bien plus rapide dans le Power Mac G4 de test…

Il est vu comme un HDD Quantum


Xbench sous Tiger avec la v2


Xbench sous Tiger avec la v1

Est-ce que le BlueSCSI 2 vaut la peine ? Oui, probablement. C’est plus rapide et plus simple à mettre à jour. Par contre, c’est un peu cher pour le moment : même en kit comme moi, on est vers 75 € sans la carte SD, quand on trouve des BlueSCSI facilement pour une quarantaine d’euros. Sur le coup, ça va un peu dépendre de vos besoins : pour remettre en marche un vieux Mac 68K pour s’amuser un peu, le BlueSCSI v1 doit suffire. Sur un Power Mac, le v2 est quand même plus agréable à l’usage.

Il y aura une seconde partie sur le sujet, mais je n’ai pas encore eu le temps de vraiment m’en occuper : on peut ajouter une image disque en lecture seule dans le BlueSCSI v2, directement dans la mémoire du Raspberry Pi Pico. Ca permet de démarrer sans carte SD avec (par exemple) un système de test.