Depuis quelques années, je teste des traqueurs qui utilisent le réseau d’Apple. Mais en mai 2023, un concurrent est entrée sur le ring : Google. Il a fallu attendre juin 2024 pour que les premiers traqueurs arrivent, mais ils sont finalement là, avec en Europe le Chipolo One Point, vendu 34 €.
Je vais commencer par le réseau et ses défauts. Sur le papier, le réseau de Google est complet et devrait lutter avec celui d’Apple ou celui de Samsung. Dans la pratique, c’est plus compliqué. Premièrement, il repose sur les smartphones équipés d’Android 9 (au moins) avec les outils de Google, ce qui représente une bonne partie du marché en 2024 mais exclut tout de même quelques appareils.
Mais ensuite, ça se gâte et ça nécessite un minuscule résumé du fonctionnement des traqueurs. Ces derniers sont des balises, qui ne se localisent pas seules : elles émettent un signal en Bluetooth (sur une dizaine de mètres), qui va être capté par les smartphones aux alentours. Quand un smartphone détecte une balise, il envoie son identifiant (unique) sur les serveurs et sa position (celle du smartphone). Quand le propriétaire du traqueur demande sa position, il reçoit donc celle du dernier smartphone qui l’a détecté (c’est très schématique).
Chez Apple, c’est à peu près le fonctionnement, mais chez Google, il y a deux contraintes. La première, expliquée chez Chipolo, c’est que le réseau attend une confirmation multiple pour fournir la position. Si un seul smartphone Android détecte un traqueur, ça ne fonctionne pas, il en faut plusieurs (a priori deux). C’est une protection contre le suivi, dans les faits : cette solution permet d’éviter de suivre une personne à la trace. Chez Apple, de ce que j’en sais, ce n’est pas le cas, et donc il est possible de suivre une personne qui a un iPhone de façon précise : si un AirTag est près d’un iPhone, il va communiquer sa position. C’est un compromis, et il n’est pas intéressant : s’il réduit les risques de suivi, il réduit aussi la pertinence du réseau.
La seconde contrainte, elle vient du fonctionnement même du réseau dans Android. Chez Apple, tous les appareils participent au réseau, et il faut aller dans des sous-menus pour le désactiver. Chez Google, c’est plus compliqué, car il existe quatre possibilités. La première, celle choisie par défaut dans pas mal de smartphones de ce que j’ai vu, consiste à renvoyer la position des traqueurs uniquement dans les zones très fréquentées (aéroports, gares, rues passantes, etc.). La seconde, optionnelle, va permettre de le faire partout. La troisième consiste à désactiver la remontée d’informations et la dernière de désactiver totalement le réseau. Sur certains smartphones (mon Xiaomi Poco F3), le réseau est par exemple désactivé par défaut.
L’option se trouve dans Paramètres -> Google -> Localiser mon appareil -> Localiser vos appareils hors connexion et je vous conseille de choisir l’option Avec ce réseau partout. Le problème principal des choix de Google, c’est qu’une partie des smartphones du marché ne participe donc pas au réseau – c’est à la discrétion du fabricant – et que les autres ne remontent probablement pas les données en dehors des villes.
Plus concrètement, vous n’aurez probablement pas la position d’un traqueur perdu dans un petit village, à la campagne ou en dehors d’une ville.
Le Chipolo One Point
Le Chipolo One Point est un traqueur classique, qui reprend le format du Chipolo One (pour le réseau de Chipolo) et du Chipolo One Spot (pour celui d’Apple). Il est blanc, alors que l’Apple est noir et les autres peuvent être colorés. Il est alimenté par une pile CR2032 et ne propose qu’une localisation en Bluetooth. La sonnerie est la même que celle des autres, elle est donc basique, mais avec un niveau sonore élevé. Il vaut 34 € (comme le modèle Apple), soit 9 € de plus que le Chipolo One classique. Il existe aussi dans une version en forme de carte de crédit, avec le même souci que la version pour le réseau d’Apple : c’est un produit jetable avec une batterie qui ne peut pas être remplacée ni rechargée.
Si vous avez un Google Pixel, la configuration initiale est la même que les AirTags : il suffit d’approcher le traqueur du smartphone pour le configurer. Dans mon cas, ça n’a pas fonctionné avec mon Xiaomi Poco F3 et la détection a nécessité un peu de travail sur mon vieux Nokia 6.1. Si vous n’avez pas un Pixel, il faut l’ajouter manuellement dans Paramètres -> Google -> Appareils et partage -> Appareils et espérer qu’il apparaisse dans les Appareils disponibles à proximité. Sur le Nokia, j’ai dpu tenter plusieurs fois avant que ça fonctionne, et il n’est jamais remonté sur mon compte Google. Sur le Pixel 8a, après une remise à zéro, tout a fonctionné directement et il est bien apparu sur les autres appareils. Vous aurez aussi besoin de l’application Localiser de Google qui n’est pas installée par défaut dans tous les appareils.
Une fois le traqueur ajouté, il propose les mêmes fonctions qu’un appareil compatible sur le réseau d’Apple. Il est donc possible de le faire sonner s’il est à portée de Bluetooth, d’indiquer qu’il est perdu ou d’obtenir sa position sur un carte. Sur ce point, comme expliqué plus haut, c’est assez mauvais. S’il est près de vous, vous n’aurez évidemment aucun souci, mais si vous vous reposez sur le réseau de Google, c’est compliqué.
Lors de mon test pour iGeneration (abonnez-vous), il a été envoyé de chez moi (en Île-de-France) vers Lyon et j’ai tenté soixante fois d’obtenir sa position sur le trajet. Le traqueur de Google ne m’a renvoyé que six positions différentes et est resté bloqué à certains endroit sur la carte pendant plusieurs jours. Dans le même colis, un AirTag m’a fourni quarante-cinq positions différentes avec un décalage maximal de six heures.
Si vous cherchez votre traqueur chez vous (à portée de Bluetooth), Android va vous permettre de déterminer sa position, mais de façon imprécise. Il n’intègre pas de puce UWB (Ultra Wide Band) et vous aurez donc des informations comme « Proche », « Très proche » ou « Plus loin ». C’est suffisant pour déterminer dans quel pièce se trouve le traqueur mais c’est tout. Avec un AirTag (et l’iPhone adapté), vous obtenez des choses comme « 1,5 m devant » dans le même cas.
Enfin, dernier point, le traqueur de Google peut être détecté par un iPhone s’il a été placé pour vous suivre à votre insu. J’en ai parlé dans un sujet dédié, mais il y a quelques contraintes. Pour activer le protocole dédié, le traqueur doit être en mouvement et séparé de son propriétaire depuis un certain temps. Les valeurs sont floues, mais je l’ai détecté après avoir éteint mon smartphone Android plus de 24 heures et m’être promené avec le traqueur en poche.
Un réseau inutile
Dans la pratique, ce n’est pas réellement une réussite. Le réseau de Google fonctionne vraiment moins bien que celui d’Apple, ce qui réduit l’intérêt des traqueurs. Et pour le Chipolo One Point, il a un problème de prix, ce qui était déjà le cas du One Spot pour le réseau d’Apple. Dans la pratique, le traqueur vaut 34 € et propose moins de fonctions qu’un AirTag (pas de NFC, pas d’UWB), sans même prendre en compte le réseau de Google. Dans le même temps, un AirTag se trouve facilement à 30 €, même si le prix public est un peu plus élevé.
Il existe quelques autres traqueurs qui utilisent le réseau de Google, mais ils sont rares. On en trouve chez Pebblebee et chez Motorola, notamment. Pour ce dernier, il intègre une compatibilité UWB si vous avez le smartphone Android adapté (c’est rares). Chez Pebblebee, vous aurez le choix entre le jeton classique, le petit traqueur avec batterie rechargeable ou la carte avec batterie rechargeable.