Par quoi remplacer un boîtier Time Capsule ?

Récemment, Apple a annoncé l’arrêt de la commercialisation des produits AirPort et donc de la gamme Time Capsule. Mais sans les boîtiers Apple, comment effectuer des sauvegardes ? Petit guide.

Je commence par un truc, la façon de sauvegarder. Historiquement, les Time Capsule utilisent le protocole de partage d’Apple (AFP) pour les sauvegardes. Mais ce dernier est ancien et Apple a annoncé son abandon dès macOS High Sierra (Mojave semble encore le supporter). A terme, a priori en 2019, macOS ne devrait plus le prendre en charge. Avec Sierra, Apple a introduit une nouvelle méthode (documentée) pour les sauvegardes, en utilisant le protocole de Microsoft (SMB). Avec la sauvegarde en SMB, il devient possible d’utiliser nativement un NAS sans craindre de pertes de données impromptues. La seule contrainte à prendre en compte pour le futur va être la présence de vieux Mac chez vous. Le passage en SMB nécessite en effet Sierra, donc les Mac équipés d’un OS plus ancien ne peuvent utiliser que l’AFP.

La dernière version de Time Capsule

D’abord, les solutions qui n’en sont pas vraiment, mais qui peuvent intéresser une partie du public.

Utiliser un Mac sous High Sierra. Le dernier OS en date propose un serveur Time Machine qui s’est affranchi de macOS Server, et donc n’importe quel Mac peut servir à sauvegarder un autre Mac. En tout cas, en théorie. En pratique, déjà, les Mac portables sont exclus : il faut laisser le Mac allumé et les portables Apple ont (presque) tous des SSD et uniquement du Wi-Fi. Les iMac consomment un peu trop pour ça, et le seul candidat un peu valable reste le Mac mini, mais sa capacité de stockage est faible (dans le meilleur des cas, aux alentours de 4 To si vous bidouillez). A part si vous avez déjà un Mac mini, c’est globalement sans intérêt.

Sous macOS High Sierra, c’est bien caché

Un boîtier Time Capsule d’occasion. Ca semble une bonne idée, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Les anciens modèles (2008 à 2012, plats) restent onéreux en occasion, et l’alimentation manque de fiabilité. De plus, rien ne dit qu’Apple ne va pas supprimer l’accès en AFP dans les versions suivantes de l’OS. Les versions récentes (2012) ne posent pas de soucis de fiabilité à ma connaissance mais c’est souvent assez onéreux et vous devrez démonter le boîtier pour une capacité moderne. De plus, le problème de l’AFP risque de se poser aussi, mais étant donné que l’arrêt de la vente est récent, je suppose qu’on peut attendre éventuellement une mise à jour pour la sauvegarde en SMB.

L’ancienne version, peu fiable

Sauvegarder sur un disque dur externe. Si vous avez uniquement un Mac de bureau, ou un portable que vous utilisez régulièrement en tant que machine de bureau, ce n’est pas totalement idiot. Un modèle USB 3.0 ou Thunderbolt offre des performances bien plus élevées que la majorité des NAS et coûte moins cher. Avec un portable utilisé majoritairement dans le canapé ou en mobilité, c’est vite énervant. Cette solution impose surtout de brancher le disque dur régulièrement et les possibilités de redondance (RAID) restent rares. Et si vous avez plusieurs Mac, ça implique d’acheter plusieurs disques durs externes dans l’absolu.

Ensuite, les solutions qui n’en sont pas (vraiment).

Un NAS quelconque ou un Raspberry Pi. C’est une mauvaise idée, pour pleins de raisons. Si votre appareil ne prend pas explicitement en compte la sauvegarde en SMB, vous allez vers les problèmes. Apple n’a jamais vraiment documenté la sauvegarde en AFP et donc les solutions qui le proposent (Freebox, tous les NAS de petits constructeurs, ceux rarement mis à jour, etc.) utilisent une implémentation open source à travers Netatalk, qui n’est pas fiable. Les risques de se retrouver avec une sauvegarde corrompue, parfois silencieusement, sont élevés. Le problème va être le même si vous transformez un PC en NAS, la majorité des tutos actuels (juin 2018) passent par l’AFP. En dehors de la fiabilité, l’AFP vit ses derniers jours (a priori macOS 10.15 sonnera le glas) et les NAS d’entrée de gamme ont souvent des performances moyennes. On peut techniquement utiliser un Raspberry Pi 3+ comme serveur Time Machine en SMB, mais ça reste lent.

La mauvaise idée (vraiment)

Sauvegarder dans le cloud. Actuellement, c’est invivable, même avec une bonne fibre. Dans le meilleur des cas, vous aller uploader à 250 Mb/s (les débits d’un disque dur USB 2.0) et les services de stockage ne sont pas vraiment adapté à Time Machine. La sauvegarde en cloud passe donc par des logiciels dédiés ou une sauvegarde manuelle (ou presque) qui implique que vous allez oublier des choses (par omission ou parce que tel logiciel a décidé de placer ses données dans un endroit bizarre). Enfin, la récupération peut être une épreuve, sans même prendre en compte le coût élevé d’un stockage dans le cloud.

Ne pas sauvegarder. Ne rigolez pas, je vois tous les jours des gens qui perdent des documents extrêmement importants parce que la clé USB a lâché ou à cause d’un vol. Ce n’est pas parce que vous n’avez jamais eu de panne que votre disque dur (ou SSD) doit être considéré comme fiable. Il ne l’est pas, vous êtes juste passé entre les mailles du filet et tôt ou tard, vous allez avoir un panne.

Enfin, la seule solution valable.

Un NAS qui propose la sauvegarde en SMB. En 2018, le meilleur moyen de sauvegarder des données reste un NAS, idéalement avec un système de redondance pour le stockage (RAID 1 ou 5 par exemple). On trouve des modèles raisonnablement rapides pour moins de 200 € avec deux baies, ce qui permet d’obtenir 3 To de stockage avec un bon niveau de sécurité entre 300 et 400 €. Le point important va être de vérifier la présence explicite de la sauvegarde Time Machine en SMB. Synology, QNAP ou Netgear le proposent. En pratique, tous les modèles pas trop vieux peuvent le faire avec une mise à jour de l’OS, donc ce n’est pas réellement un souci. Le choix du NAS va évidemment jouer sur les performances (et le prix) mais si vous avez un peu de budget, un modèle avec de l’Ethernet 10 Gb/s et plusieurs disques en RAID 5 peut offrir des sauvegardes très rapides avec (par exemple) un iMac Pro. J’avais déjà montré le résultat avec un NAS Synology pour ceux que ça intéresse.

Un NAS Synology, le meilleur choix, avec un bon suivi (et la sauvegarde en SMB)

Bien évidemment, un NAS n’a pas le côté simple (parfois trop) d’un boîtier Time Capsule et il faudra parfois mettre la main dans le cambouis, mais globalement les interfaces modernes deviennent accessibles pour une personne un minimum motivée. Ensuite, le côté esthétique reste le parent pauvre des NAS : entre un Time Capsule et un NAS quelconque, il n’y a évidemment pas photo. Mais les NAS offrent une fiabilité plus élevée, plus de fonctions et une sécurité accrue dès que vous utilisez du RAID.